Messes basses


Fini de rigoler. Les jeunes pousses du théâtre n'ont que faire de la légèreté. Telle est l'impression que nous laissent les deux créations proposées dans "Courtes scènes" (deux solo de 50 minutes), espace laissé vacant dans la programmation des Clochards Célestes que l'infatigable et passionnée directrice, Elisabeth Saint-Blancat comble au gré de ses récentes découvertes.

Foi est une variation sur les écrits de la pieuse espagnole Sainte-Thérèse d'Avila et une interrogation (en arabe dans le texte, dont la traduction est donnée à la fin) sur le fanatisme religieux. Du modèle annoncé, le drôlissime film anglais Four lions, Adèle Gascuel et Pauline Hercule ne restituent pas la désopilance mais elles tentent habilement d'inscrire cette femme dans le quotidien, toute la pièce étant ponctuée par la confection d'une compote de pommes à l'aide des spectateurs, désenclavant ainsi Sainte-Thérèse de sa croyance voire de son extase.

Suit le monologue de Beckett, Premier amour, par le comédien formé à l'ENSATT Alexis Barbosa, qui use de toutes les postures imaginables pour s'approprier le banc indiqué par l'auteur. La metteur en scène Amandine Livet n'a d'autre choix que de le faire jouer avec. Elle introduit toutefois dans le décor un astucieux projecteur-lampadaire, allié de ce personnage qui découvre avec effroi le sentiment amoureux.

Dans les deux cas : du bel ouvrage, en dépit de l'aridité des textes portés.

Nadja Pobel

Foi et Premier Amour
Au Théâtre des Clochards Célestes jusqu'au samedi 1er juin


<< article précédent
Insomniaque - Semaine du 29 mai au 4 juin