L'école de Chicago


Des perles discrètes de l'indie rock défilent à Lyon ces temps-ci. Après Dinosaur Jr. et Thurston Moore, voici ainsi venir The Sea & Cake et David Grubbs (dans quelques jours), tenants d'une toute autre école : celle de Chicago, qui vit s'épanouir dans les années 90, sous la férule dudit Grubbs, de Jim O'Rourke et de John McEntire, quelques unes des plus belles innovations musicales de la décennie. The Sea and Cake, qui doit son nom à The C in Cake, un titre de Gastr Del Sol - où ses trois membres firent leurs armes, est l'une d'elles, et on y retrouve John McEntire à la batterie - là où chez Tortoise il joue les hommes à tout faire, Sam Prekop, qui tire les ficelles, et Archer Prewitt.

Particularité de cette école de Chicago, dont The Sea and Cake ne s'affranchit pas : cette capacité à expérimenter sans que cela s'entende, à modéliser mathématiquement la musique, comme certains sociologues du crû tentèrent de le faire avec la vie sociale. Ce qu'on entend, et le dernier album du groupe, The Runner, est à ce titre plutôt parlant, ce n'est pas du post-jazz, de l'ambient, de la country déstructurée, du post-rock, mais une pop sophistiquée qui si elle cherche midi à quatorze heures n'en est pas moins toujours au rendez-vous d'une efficacité qui, par élégance, ne s'avoue pas. C'est écoute après écoute qu'on la déniche, construisant discrètement, d'une voix blanche et sans âge, sa petite légende au creux de notre oreille.

Stéphane Duchêne

The Sea and Cake + Imagho
A l'Epicerie Moderne, jeudi 30 mai


<< article précédent
Mélange Fort