Garage rauque


L'automobile est peut-être en crise mon bon monsieur, mais ce qui est sûr c'est que le garage, lui, ne l'est pas. Il n'a même probablement jamais été aussi florissant, hérissé et omniprésent. Ici, pas une semaine ne se passe sans qu'une bonne vieille formation toute entière dévouée à ce genre crasseux et, il faut bien le dire, assez fourre-tout, ne pointe le bout de son nez.

(Re)voilà d'ailleurs un classique du genre : The Jim Jones Revue. Lequel nous revient avec un album, The Savage Heart, encore plus noir et plus poisseux qu'à l'habitude, où la voix de pasteur fou de Jim Jones – il est l'homonyme du célèbre "gourou de Guyane" qui inspira son nom au Brian Jonestown Massacre – s'en donne à cœur joie, à feuler comme un quasi Leonard Cohen – aussi surprenant que cela puisse paraître – sur Midnight Oceans & the Savage Heart, ou à jouer les Screamin' Jay Hawkins dans une ambiance de fond de tonneau coincé quelque part entre le bayou et la porte de l'Enfer – mention spéciale à In and Out of Harm's Way, qui sonne comme du Stooges fardé façon Little Richard.

De fait, la musique de Jim Jones Revue a toujours peu ou prou ressemblé à un rejeton mutant de Little Richard et du rock de Detroit. Au point qu'on a du mal à garder à l'esprit que ces types-là, un temps bien moins prophètes en leur pays qu'en France, sont des Anglais pur jus – et quel jus ! Ou alors le sont-ils tellement que, comme l'explique l'écrivain Martin Amis, ils n'ont d'yeux que pour ce qui se passe Outre-Atlantique.

Stéphane Duchêne

The Jim Jones Revue + Savage Riposte
Au Transbordeur, jeudi 6 juin


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