Agitpop


Comme on l'écrivait il y a deux ans au moment de sa dernière venue lyonnaise, David Grubbs est de ces légendes si discrètes qu'elles finissent par en devenir floues, de ces secrets si peu partagés qu'ils prennent le risque de se perdre. Si bien que le réflexe pavlovien de l'amateur de rock indé voire très indé, à l'évocation de David Grubbs, est de penser immédiatement "Gastr Del Sol", du nom de ce fabuleux projet mené avec Jim O'Rourke qui donna Camoufleur, l'un des plus beaux albums de pop exigeante de tous les temps.

Ce Camoufleur, Grubbs, comme O'Rourke d'ailleurs, se le traîne comme un joli boulet, comme un autre Dave – dans une autre galaxie, lointaine, très lointaine... – se traîne Vanina. Car c'est oublier et, au fond, il ne s'en porte sans doute pas plus mal, que David Grubbs, qui se produira en trio au Sonic le 8 juin, est un précieux passeur, balayant sans en avoir l'air tout le spectre de la musique américaine, de la plus séminale à la plus complexe. C'est d'ailleurs à une parfaite synthèse de cette approche "avant-pop-folk" qu'on a droit sur son dernier album, The Plain Where the Palace Stood, dont un seul titre, poétique et signifiant à souhait, minimaliste et sophistiqué, pourrait résumer la carrière de Grubbs ou l'approche qu'on peut en avoir : The Hesitation Waltz.

Stéphane Duchêne


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