Nueva York

Du Spanish Harlem Orchestra à Marc Ribot en passant par le cintré Kid Creole, ce sont trois facettes de la très vivace tradition latino de New-York qu'entendent nous faire découvrir les Nuits de Fourvière. Stéphane Duchêne


Incarnation moderne linguistique et sociologique autant que culturelle de la Babel antique, New York aura été bien plus qu'une des capitales mondiales de la contre-culture, des beats, du folk, du punk, du free jazz, du hip hop et de nombreux courants underground. La Grosse Pomme est aussi le creuset d'un métissage culturel et artistique, hérité de ses différentes vagues d'immigrations, et notamment le berceau de la salsa, musique au croisement des rythmes traditionnels cubains (mambo, guaracha et surtout son montuno...) et porto-ricains (bomba, plena...), emportés dans leurs valises par des hispaniques installés dans Spanish Harlem, ancien quartier...italien d'East Harlem.

Devenu un terme générique aux multiples variantes, la salsa est le symbole de la vivacité des musiques latino. Mais elle compte aussi, parmi la jeune génération de "nuyoricains", ces New-yorkais d'origine porto-ricaines, quelques gardiens de la tradition. C'est le cas, comme l'indique le titre de l'album Viva la Tradicion !, du Spanish Harlem Orchestra, né dans le "barrio" d'East Harlem – même si partir en quête de tradition séminale dans une matière aussi volatile que la salsa, revient à tenter d'isoler atome par atome le secret de fabrication de la sauce d'un grand chef.

Postiches cubains

Plus sensible au mélange, le culte August Darnell, a.k.a. Kid Creole, originaire du Bronx, à un pont d'East Harlem, est le plus vivant symbole de toutes les hybridations à l'oeuvre dans la musique new-yorkaise. Depuis plus de trente ans, sa musique connaît peu de frontières et peu de limites, dans tous les sens du terme, faisant de son groupe, les Coconuts, l'une des formations les plus excentriques du paysage musical.

Marc Ribot, lui, est a priori plus réputé pour ses embardées expérimentales et son éclectisme d'homme de l'ombre – en plus de sa carrière personnelle, il est un immense musicien de studio, parmi les plus prisés – mais le New-yorkais ne pouvait que voir dans les musiques afro-caribéennes un terrain de recherche et d'expérimentation d'une grande richesse. Ici, avec Los Cubanos Postizos, il revient à d'anciennes amours datant des années 90. Que ce nom ne nous trompe pas : avec un amoureux "des" musiques comme Marc Ribot, il s'agit évidemment bien davantage de se les approprier que d'affubler la sienne d'un opportuniste postiche. Ou de céder à la tentation du pastiche.

Marc Ribot y Los Cubanos Postizos + Spanish Harlem Orchestra + Kid Creole & The Coconuts
Au Théâtre antique de Fourvière, dimanche 16 juin


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"Remember Attica !"