Course en tête


«Mauviette». Dans la trilogie Retour vers le futur, il suffisait d'adresser cette injure à Marty McFly pour le voir, galvanisé par son orgueil, prendre les risques les plus insensés. Dans le cas de Yohann Metay, c'est un «t'es cap ou pas cap ?», encaissé entre une gorgée de Leffe Triple et une bouchée de frites, qui l'a poussé en 2006 à s'inscrire à l'Ultra Trail du Mont Blanc. Une course d'endurance de cent soixante-huit kilomètres à travers la Savoie, le Val d'Aoste et un bout de la Suisse dont le souvenir, long de quarante-cinq heures, sert aujourd'hui à ce Lyonnais d'adoption de trame à La Tragédie du dossard 512, un solo plaisamment rocambolesque.

Nul besoin de connaître son Roger Frison-Roche sur le bout des doigts pour en apprécier les subtilités : même si nombre d'allusions, notamment celles sur les bienfaits de la crème NOK, illumineront plus intensément les visages des possesseurs de baskets à cent cinquante euros, ce sont sa souplesse cartoonesque (voir l'outrance "Chris Tuckerienne" avec laquelle il incarne un speaker vicelard), son sens de la personnification (ses dialogues intra-cérébraux sont presque dignes de ceux de François Pérusse) et sa répartie (bien que noyée sous les vannes ras du slip), qui font de Metay un showman à suivre. Et son endurance, le bonhomme trottinant mine de rien pendant toute la durée de son récit, écoutable jusqu'à la fin du mois à l'Espace Gerson.

Benjamin Mialot

La Tragédie du dossard 512
A l'Espace Gerson, jusqu'au samedi 29 juin


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