L'amour à la machine


Un duo pour danseur et pelleteuse. Il fallait y penser. La compagnie Beau Geste, en la personne du chorégraphe Dominique Boivin, l'a fait en 2005 et n'a depuis cessé de présenter le résultat aux quatre coins du monde. C'est dire le pouvoir de fascination qu'exerce cette courte pièce (vingt minutes chrono) à mi-chemin de la relecture mécanique de King Kong (plus une magnifique histoire d'amour impossible qu'un récit d'aventure), de la parabole sur la domination croissante des machines et du rêve d'enfant concrétisé.

A quoi tient-il ? Au caractère périlleux et par extension spectaculaire de l'exercice, bien sûr, et à la technicité qu'il requiert de ses interprètes. Mais aussi et surtout à l'improbable alchimie qui s'y construit entre l'imposant engin de terrassement, dont le godet se fait tour à tour mâchoire dévorante et main protectrice, et le petit homme tiré à quatre épingles qui tente de l'apprivoiser. Bref, en dépit de la richesse proverbiale des Invites, on ne verra au cours de leur édition 2013 sans doute rien de plus atypique et gracieux que ce pas de deux - d'autant que c'est la voix de Mater Dolorosa de La Callas qui le souligne, présenté vendredi 21 et samedi 22 juin sur l'avenue Henri Barbusse.

Benjamin Mialot


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