Champagne pour La Flûte

L'opéra de Lyon termine sa saison avec l'indéboulonnable et merveilleuse "Flûte enchantée", véritable feu d'artifice d'airs connus, de ceux chantés par la Reine de la nuit à ceux de Papageno. Une nouvelle production qui devrait éblouir et surprendre. Pascale Clavel


S'il est un opéra qu'il faut réussir aussi bien dans la fosse que sur le plateau, c'est bien La Flûte enchantée de Mozart. Le monde entier en fredonne des bribes, en connaît des versions plus ou moins abouties. Il s'agit alors d'étonner sans tomber dans le burlesque, de bouleverser sans se vautrer dans le pathos. Heureusement, toutes les conditions semblent être réunies pour que cette nouvelle production de l'Opéra de Lyon soit juste, savamment composée, intelligemment ficelée.

A la direction, un Stefano Montanari qu'on ne présente plus - il semble presque être en résidence. Un chef aux paradoxes palpitants, entre grande rigueur musicale et gestique baroque, entre lyrisme fou et rythmiques sauvages. Un chef qui prend une œuvre, la malaxe, la dépoussière et en fait surgir un objet musical presque contemporain.

Côté interprétation, pour la première fois dans l'histoire de l'institution, l'ensemble de la distribution est issu du Studio de l'Opéra. Créé en 2003 par Serge Dorny, ce vivier de jeunes et talentueux chanteurs a suivi une nouvelle voie à l'arrivée du directeur artistique Jean-Paul Fouchécourt, en 2011, jeunes et fougueuses Reines de la nuit et autres Zarastro juvéniles s'y enrichissant depuis d'expériences musicales multiples. Affaire à suivre.

L'univers magique de Pierrick

Quant à la mise en scène, c'est l'incroyable vidéaste Pierrick Sorin qui l'assurera, avec ses univers burlesques et ses ambiances décalées faites de bricoles savoureuses et poétiques. On connaît de lui surtout ses courts-métrages et autres dispositifs où il n'a de cesse de se moquer de tout, de l'existence humaine, de lui-même, de la création artistique. Sachant que Luc de Wit sera son coéquipier l'ensemble, sur le plateau, risque de donner un coup de vieux aux autres versions de La Flûte.

Car Sorin a fait le choix d'incruster, tel un orfèvre, les chanteurs dans des décors miniatures. S'inspirant des univers de Méliès, il entend nous plonger dans un environnement de science-fiction quelque peu bidouillé. Ce grand boulimique de trucages visuels,  à l'affut de toutes les nouvelles technologies, risque-t-il de trop bousculer cet opéra mythique ? On prend plutôt le pari qu'à travers ce nouveau défi, La Flûte sera plus enchantée que jamais.

La Flûte enchantée
A l'Opéra de Lyon, du 24 juin au 9 juillet

 


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