California über alles

Des figures majeures du punk rock, Lyon en a vu défiler plus d'une cette saison. Voici venue la plus indispensable en la personne de Bad Religion, formation californienne qui, depuis plus de trente ans, incarne l'opiniâtreté mieux qu'aucune autre. Benjamin Mialot


Quand un musicien met en chantier un label, il le fait généralement dans l'idée de s'auto-éditer et d'offrir le gîte discographique à quelques connaissances ou découvertes fortuites. Bien sûr, les exceptions, autrement dit les gratte-nylon (ou frappe-plastique, ou bouffe-métal, vous voyez l'idée) qui se découvrent une vocation de directeur artistique, abondent. Mike Patton, le hurleur à cordes vocales ductiles de Faith No More, en est une, lui qui a fait d'Icepac Recordings un révéré laboratoire de rock déviant. Jello Biafra, le truculent frontman des Dead Kennedys qui, a la tête d'Alternative Tentacles, fait les beaux jours des musiques très sonores, aussi.

Mais c'est à une autre figure du punk rock californien que l'on doit l'une des maisons les plus emblématiques : Greg Gurewitz, le guitariste de Bad Religion, fondateur en 1980 d'Epitaph, où ont un jour ou l'autre signé tous les groupes ayant compté dans l'histoire post-épingles de sûreté du punk et du hardcore, de Green Day à Refused en passant par The Offspring, NOFX, Madball, Rancid, Pennywise, Millencollin, Social Distortion ou The Vandals, mais aussi Weezer et Tom Waits.

On dirait le nord

Sa seule présence suffirait à faire de la venue de son groupe au Transbordeur un once in a lifetime event. Seulement voilà, Bad Religion est en soi une légende du genre. Un groupe qui, depuis sa création il y a un peu plus de trois décennies par une bande d'étudiants à la conscience politique et à la conductivité électrique plus développées que la moyenne, n'a en dépit de nombreux remaniements internes – seul Greg Graffin, le leader, par ailleurs doctorant en paléontologie de l'évolution et auteur d'honorables disques de folk, est là depuis le début - jamais dévié de sa trajectoire initiale. Quitte à se répéter ? Même pas.

Car si la carrière du groupe a connu son lot de passages à vide – un hiatus de 1983 à 1985, un run en major de 1993 à 2000 d'une banalité inversement proportionnelle à la popularité acquise par le groupe sur la période, il a toujours fait montre d'un sens de la recombinaison proprement impressionnant. True North, son seizième album paru en début d'année, en a bénéficié : les harmonies vocales flamboyantes, les riffs qui se jouent le pied sur le retour, l'urgence verbale (un seul morceau dépasse les trois minutes), rien n'a changé et pourtant, l'ensemble a l'ardeur et l'authenticité des premières fois.

Bad Religion + Uncommonmenfrommars
Au Transbordeur, mardi 25 juin


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