Un été bœuf

Ça alors ! Comme le temps passe vite. L'hiver a peine terminé voici venir le 21 juin, l'été et la Fête de la Musique. Ah ! Comme l'envie de tout voir est grande ! Mais comme c'est impossible, voici notre sélection rock-pop-jazz-variété, totalement subjective et non exhaustive. «100 % pur bœuf» assure l'organisateur, mais garantie sans flûte à bec. Stéphane Duchêne


Cette année à Lyon, la fête de la musique est, nous dit-on, garantie «100 % pur bœuf» et sera entièrement financée par Findus et la fratrie Spanghero (l'une de ces deux informations est fausse, l'autre contient un merveilleux jeu de mots). Surtout, le credo de cette année, c'est matin, midi et soir – ce qui fait beaucoup de bœuf, on vous l'accorde. Il faudra donc par exemple prendre une RTT ou profiter de sa pause de midi pour aller voir le joli plateau composé du prometteur folkeux Adam Wood et du plus pop... Poppy (en duo avec Silène) au Musée des Beaux-Arts entre 12h et 14h. Pour ceux dont la pause sandwich est trop courte, Adam Wood rejouera en fin de journée place Johannès Ambre, en groupe cette fois. Rappelons en tout cas que chaque année, le 21 juin est l'occasion de découvrir certains nouveaux talents. Remember Joe Bel l'an dernier et le chemin parcouru depuis.

Elargis ton monstre

Parmi les scènes emblématiques de l'événement, celle de Lerockepamort – associé au Marché Gare, au Périscope, à Thou Bout d'Chant et au 6e Continent – se pose là, avec entre autres Erwan Pinard, mais aussi Alexis & The Brainbow et Rank – à ranger au rayon de ceux dont on reparlera, respectivement en Phoenix venus de l'espace et en hybride lyonnais de Joy Division, avec basse aquatique et guitares déchirées à l'avenant, des Smiths et de Wedding Present. Sans oublier bien sûr les "hotissimes" Erotic Market de la divine Marine Pellegrini. Le tout se déroulant place de la République de 18h jusqu'au bout de la nuit (1h selon la police).

Quant au Périscope tout seul, il la jouera davantage expérimental – et le mot n'est pas vain avec des formations comme Hippie Diktat et Postcoïtum. Tandis que du côté de la Marquise on sonnera alternatif, progressif et même post-rock avec Pleïad – plus pop que post-rock à notre sens mais bon. De fait, Pleïad comme Porno Graffit auraient pu se produire au désormais traditionnel "Carrefour des inclassables" du CMTRA au Jardin des Chartreux où l'on naviguera entre free rock (MKF), électro-beat teinté d'Ethiopie (Abyssinie Club) et euh... Schvedranne, dont il vaut mieux se faire une idée soi-même.

Du côté du Ninkasi, cerné par les électroniciens qui envahissent chaque année le septième, on en profitera pour mettre en avant les petites pépites ramassées toute l'année au long des Ninka Tours et Tremplins Découvertes, parmi lesquelles la folkeuse mélancolique Charleen et les intenables Yeasty Kids. A suivre également, Enlarge Your Monster (place Ambroise Courtois, 19h30) et Ladybug and the Wolf (place Belleville, 18h30).

Mich' de Monac'

Dans la cour de l'Hôtel de Ville, prestige oblige, on jazzera tranquillou à l'initiative du Péristyle et au son du piano de Stéphane Vincenza, figure bien connue de la discipline et ci-devant fondateur du jazz-club La Clef de Voûte. Tandis que côté variété française, les amateurs seront comblés place Carnot avec la scène "La Variété au Sens Large" (comprendre "très large", y compris d'esprit) et la présence de l'illustre Michel Monaco qui pour des raisons fiscales pourrait se trouver obligé de se rebaptiser Michel Saint-Jean-Cap-Ferrat – auquel il a d'ailleurs rendu hommage (Ferrat, pas Saint-Jean-Cap). En l'espace d'une heure, celle de l'apéro, l'ancien protégé de Mick Micheyl (mais si, Mick Micheyl, souvenez-vous : 'gnifique, Mick Micheyl) promet de revisiter toute la chanson française des années 60 et 70 – ce qui vous pose un chanteur. Ses successeurs sur scène, dont le groupe No One Smokes, espèrent qu'il aura fini à temps.

Initiatives curieuses également que cette scène hip-hop, soul, funk et tutti quanti, sise square Sainte-Marie Perrin et baptisée "Bisous Dehors !" (pas la peine de gueuler) ou – asseyez-vous, ce sera mieux – cette "Reggaeillotière" (on vous avait prévenu). Soit la place Voltaire transformée en sound system à la gloire de Jah, de Zion, et du UK dub avec Light of Jah Soundsystem et Ras Mufasa. Pour ainsi dire, il ne manque plus que Snoop Lyon. La place Saint-Paul fera également la part belle aux musiques jamaïcaines sous l'égide de la Zion Foundation – à croire que le 21 juin est la journée internationale du rastafarisme. Big up Haïlé !

Pour le reste, on vous fait grâce des fanfares, multiples chorales, batucadas en pagaille et autres animations zumba (tout est dans l'agenda) – bon allez, d'accord, la zumba c'est place Gailleton à 21h mais on ne vous a rien dit et vous ne nous avez jamais lu – pour rappeler que la Fête de la musique, c'est aussi et même, serait-on tenté de dire, avant tout, des noms, improbables et déroutants, fruits de brainstormings orageux, d'éclairs de génie ou de pets foireux de l'esprit, qui donnent – ou pas – une idée de ce à quoi s'attendre. Il convient donc chaque année d'en livrer le palmarès pour la bonne bouche, afin d'éveiller les curiosités. En 2013, par exemple, on adore la Fanfare Pustule (on est rarement déçu quand une fanfare se baptise), les Suppos de Saturne, Les Onze y Trônent ou Pâté pour Chien. Pur bœuf, le pâté, CQFD.


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