Cuba libre


D'après une blague qui faisait le tour des cours de récréation auvergnates au début des années 90, les habitants de Cuba ne seraient pas les Cubains, mais les Chipaho. Parce que s'ils ont le cul bas, ils... Voilà. Nous n'avons jamais eu l'occasion (encore moins l'envie) de vérifier si l'anatomie du pianiste havanais Roberto Fonseca, programmé mercredi 3 juillet au festival Jazz à Vienne, était conforme à celle décrite par ce puéril calembour. Ce que nous avons pu constater à sept reprises en revanche, c'est que sa musique, elle, plane très haut. Sept comme le nombre d'albums enregistrés par ce presque quadra qui fit ses armes au sein du Buena Vista Social Club - regroupement de figures historiques de la salsa et du son qu'immortalisa en 1999 le cinéaste Wim Wenders, et dont les survivants se produiront dans le Théâtre antique juste après Roberto.

 

Baptisé Yo, le dernier en date est le plus ambitieux et émouvant de son auteur, un disque-monde où, non content d'explorer sa part d'africanité avec le concours de musiciens originaires du Continent Noir, Fonseca déploie une érudition (harmonies traditionnelles, rythmes funk, boucles d'inspiration électronique...) et un sens du groove proprement hors du commun – et auxquels sa prolificité et ses dons d'improvisateur ne sont pas étrangers. Un disque finalement à l'image des deux pays entre lesquels il bâtit un pont : bariolé, généreux et néanmoins empreint de douleur.

 

Benjamin Mialot 

 

Roberto Fonseca + Orquesta Buena Vista Social Club
A Jazz à Vienne (38), mercredi 3 juillet


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