Monstres et cie

En attendant la venue du désormais trésor national Sigur Rós à Fourvière, l'Islande nous envoie sa nouvelle petite pépite : Of Monsters and Men. Soit une fanfare mi-pop mi-folk aux chansons enivrantes, en passe de conquérir le monde. Stéphane Duchêne


Faut-il y voir un signe de reprise économique après la terrible crise qui a mis l'Islande à genoux il y a de cela quatre ans ? Une crise telle que le pays de Björk a bien failli ne jamais s'en relever, perdant trois banques nationales et laissant une dette équivalente à dix fois son PIB – mais c'est mal connaître, loin de tout cliché nordique, la capacité de résilience des Vikings de la Terre de glace. Toujours est-il qu'après avoir connu un hiatus musical spectaculaire – les groupes islandais n'étant tout simplement plus en mesure de financer leurs tournées sur le continent – les affaires semblent reprendre comme jamais.

Et l'on ne parle pas ici du retour triomphal de Sigur Róspanthéonisé par Les Simpsons – ou des récentes extravagances scéniques de Björk. Mais plutôt d'une nouvelle génération de groupes du cru déjà ultra-populaires sur leur île et qui arrivent enfin sous nos latitudes. Symbole de ce "printemps islandais", pour reprendre un terme à la mode : le sextet au nom "steinbeckien" Of Monsters and Men.

 

Little Talks


C'est via un fabuleux single baptisé Little Talks – l'histoire d'une rupture amoureuse chantée comme un abordage – et largement diffusé sur le Net dans une version live enregistrée par la radio KEXP, partenaire du festival islandais Iceland Airwaves, qu'on a découvert la troupe menée par la souris Nanna Bryndís Hilmarsdóttir et le poupin Raggi Þórhallsson. Lesquels se partagent très équitablement chant, guitares, charisme et, pour ainsi dire, l'essentiel de la composition et de l'écriture. S'en sont suivis un maxi, Into the Woods, et un album, My Head Is an Animal, qui n'ont pas tardé à charmer, à leur valoir une signature sur une major et de truster le haut des charts dans toute l'Europe.

Les Etats-Unis eux-mêmes, si difficiles à conquérir, sont tombés amoureux de ce groupe qui n'est sûrement pas sans leur rappeler, en légèrement plus bucolique et en moins martial, Arcade Fire, auteur qu'il est de petits hymnes dévastateurs aux mélodies tourbillonnantes et aux arrangements carillonnant. Car de Dirty Paws à Lakehouse en passant par King and Lionheart ou Sloom, ces monstres gentils – redoutables bêtes de scène – semblent bel et bien avoir trouvé la pierre philosophale qui change les tourments du cœur en refrain à reprendre en choeur.

Of Monsters and Men + Ásgeir Trausti
Au Transbordeur, mercredi 26 juin


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Le cas Wagner