Léger, léger

Dans le cadre des Nuits de Fourvière et pour célébrer ses trente ans, le Cirque Plume investit le Parc de Parilly durant un mois avec "Tempus fugit ?", une décevante succession de numéros sans âme ni génie. Nadja Pobel


Jusqu'au début du mois d'août, le Cirque Plume offre les premières représentations mondiales (à part un rodage à domicile, à Besançon) de sa nouvelle création, Tempus fugit ?, à un public lyonnais qui le lui rend bien : près de mille personnes chaque soir, vingt-neuf dates complètes auxquelles s'en sont rajoutées deux... Pourtant, force est de constater que le résultat est loin d'être à la hauteur de l'événement. Et c'est d'autant plus flagrant que l'offre en nouveau cirque n'a jamais été aussi dense dans l'agglomération lyonnaise, à commencer par ce que proposent les Nuits de Fourvière, justement : le collectif Les 7 doigts de la main les années précédentes, le très bon Opus cette année (par Circa et le Quatuor Debussy) et l'excellent Pour le meilleur et pour le pire par le Cirque Aïtal. Le festival UtoPistes des Célestins a aussi permis ces derniers jours de revoir les fascinants Yoann Bourgeois et Mathurin Bolze (Nuage) en plein air ou de découvrir du cirque punk avec les Australiens d'Acrobat. Ajoutez à cela l'OVNI inoubliable que fut Matamore (par le Petit Théâtre Baraque et le Cirque Trotolla) à Oullins en mai et voilà qu'apparait très fade ce Cirque Plume.

Le plus grand cabaret du monde

Le temps fuit nous dit le titre. Un métronome récurrent et des pendules l'illustrent basiquement. Le reste ? Des numéros enchaînés sans aucun lien entre eux, si ce n'est un clown agaçant, qui assure les transitions à coups de gimmicks faciles (lancers de chapeaux et gamelles programmées). Des gymnastes exécutent de traditionnels numéros de mât chinois, de funambulisme, de trapèze, de body clapping... qu'on a souvent vu meilleurs dans les spectacles précédemment cités. Le tout est empaqueté dans une musique de bal jouée par une sorte d'orchestre de plateau TV. Le spectacle regorge par ailleurs de clins d'œil et d'auto-citations et, si l'on n'en attendait pas moins pour un anniversaire - trois numéros au moins étaient déjà dans Toiles en 1993 et l'homme transformé en animal, qui fut l'une des marques de fabrique de la troupe, est ici logiquement au menu - cela démontre aussi fatalement qu'en trente ans, le Cirque Plume, qui a inventé le nouveau cirque en France et l'a exporté dans le monde entier, a considérablement vieilli.

Tempus fugit ?
Au Parc de Parilly, dans le cadre des Nuits de Fourvière, jusqu'au samedi 3 août 


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