Avignon - Jour 1 - Static or not static

"Par les villages" et "Remote Avignon"


En sortant de la cour d'honneur du Palais des Papes, 4h30 apres y être entré, un soulagement a envahi l'ensemble des spectateurs restés jusqu'au bout du solo de Jeanne Balibar, crispant quand il était audible. Car en adaptant Par les villages, long poème dramatique de Peter Handke, Stanislas Nordey, artiste associé de l'édition 2013 du Festival d'Avignon, a aussi fait le choix de l'anti spectacle. Autant l'enchaînement de deux monologues dans Clôture de l'amour ne manquait pas de puissance, autant l'exercice produit ici une ambiance mortifère, les émotions restant enfouies sous des gravas de logorrhée. La faute à une absence de réelle mise en scène - les acteurs, ultra-statiques, se parlent à dix mètres les uns des autres sur un plateau dont l'immensité offrait pourtant des conditions de jeu inouïes. Balibar n'est jamais dans son rôle, hautaine et absente à la fois. À cour, Olivier Mellano assure lui un splendide début de spectacle, avant que sa partition se fasse de plus en plus menue - et c'est d'autant plus regrettable qu'il était de loin la personne la plus investie de la distribution. Au final, seule Emmanuelle Béart parvient à être touchante. Quant au texte, il a beau être passionnant (Handke y sonde l'écart se creusant entre les ruraux qui ne sont jamais partis et les urbains qui ont tourné le dos au monde ouvrier pour intégrer des sphères plus intellectuelles) mais on ne cesse de le perdre, tués que nous sommes par l'ennui.

Changement de cap avec un spectacle intinérant de deux heures dans les rues de la ville par le Rimini Protokoll, Remote Avignon. Guidés au casque par une voix inconnue, nous formons avec cinquante autres spectateurs une véritable horde. Après avoir quitté le cimetière de Vérant et nous être interrogés sur notre condition de mortel, direction le supermarché, les parkings et même (suprême ironie !) un théâtre à l'italienne pour questionner la masse, la déférence, le libre arbitre, la confiance et in fine, la démocratie. Le propos n'est ni neuf ni révolutionnaire pour ce type de théâtre participatif, il n'en est pas moins toujours revigorant et a le mérite de nous éviter, nous autres festivaliers, de céder à la tentation de l'avachissement.

Nadja Pobel 


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