Troubadors since 2006


Sur la pochette du troisième album des Menzingers, On the Impossible Past (paru l'an passé chez Epitaph), figure une jeune femme à la peau tannée et au décolleté négligé. La main sur le cœur, elle paraît saisie de surprise, à deux doigts vernis de laisser échapper un «oh my!». Visionnaire choix d'illustration que celui-ci : la réaction ainsi suggérée aura été celle de tous les fidèles – dont nous sommes - de ce quatuor originaire de Pennsylvannie à l'écoute dudit album, plus évocateur du pub rock narratif d'un Bruce Springsteen que du punk acharné avec lequel il s'est fait un nom – dérivé de "minnesänger", "troubadour" en allemand - au mitan des années 2000. A ceci près que là où le Boss privilégie l'indignation et le retroussage de manches (de chemise), chez les Menzingers, tout n'est que désarroi et tabassage de manche (de guitare).

Un peu comme si Weezer – même vibe nostalgique, même impulsivité adolescente, même sens des mélodies qui serrent la poitrine autant qu'elles donnent envie de s'époumoner - avait eu pour chanteur Beirut – la voix de Greg Barrett, le porte-pa(s d)role de la bande, s'étrangle d'une manière similaire, en tout cas lorsqu'il ne hurle pas aussi désespérément qu'un mec venant d'enterrer lui-même sa femme démembrée (Six Feet Under, saison 4, épisode 1). De là à dire que ce groupe est l'un des plus bouleversants du moment, il n'y a qu'un pas aussi simple à franchir que la distance nous séparant du WarmAudio, où ils se produiront fin juillet.

Benjamin Mialot 

The Menzingers + Apologies, I Have Non
Au WarmAudio, Décines, mardi 30 juillet


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