Le point G.

Faux pauvre type arrogant mais vraie bête de scène, Gérémy Crédeville s'installe au Boui-Boui jusqu'à la fin du mois avec G., parfait et modeste, un premier one-man-show aussi transpirant que grinçant. Benjamin Mialot


Gérémy Credeville a tout pour lui : un visage de jeune premier du twist, genre Johnny Hallyday avant sa période cuir et bandana, une chevelure de mannequin Vivelle Dop, un indice de masse grasse d'ailier du Top 14 et une croyance en ses qualités physiques quasi-pathologique. Mais cela ne l'empêche pas d'être un loser patenté. En tout cas dans G., parfait et modeste, son premier one-man-show, qu'il présente jusqu'à la fin du mois au Boui-Boui après une prestation de semonce à l'Espace Gerson la saison passée. Car lorsqu'il cesse de tourner en dérision ses mésaventures intimes et professionnelles et repasse de l'autre côté du quatrième mur, ce jeune Lillois qui, il y a à peine deux ans de cela, gagnait (bien) sa vie en composant des programmes de remise en forme pour des femmes au foyer aisées, est l'un des humoristes les plus prometteurs de sa génération, du genre à sortir en tête de tous les tremplins auxquels il prend part - rien que cette année, il en a remporté quatre, dont les très disputés Duels pour Rire du Printemps du Rire de Toulouse.

Le mime était presque parfait

Qu'est-ce qui séduit tant chez lui ? Sans doute ce qui lui a valu de rejoindre le pool de comédiens de Jocelyn Flipo, le Pygmalion du café-théâtre lyonnais, où il a d'ailleurs retrouvé deux autres finalistes des dits Duels pour rire 2013, Karim Duval et Alex Ramirès : sa singularité logistique (aucun accessoire, pas de musique d'entrée, nulle envie de retourner faire le bouffon chez Ruquier), son sens de l'interaction, son imperturbabilité et surtout son expressivité physique – il faut le voir faire d'un bête récit de plan drague dans une R5 délabrée un grand moment de burlesque pour le croire. Autant de qualités héritées d'une formation d'improvisateur et qui lui permettent de déjouer la plupart des pièges de la comédie contemporaine, de la grivoiserie basse du slip, à laquelle il a recours avec un flegme assez désarmant, à l'inévitable intermède musical, qui devient chez lui un sketch participatif bien plus réjouissant que les parodies inavouées de casting de télé-crochet proposées par ses confrères. C'est d'ailleurs lorsqu'il s'attaque à la télé-réalité, pratique éculée depuis la fin de Loft Story (plus de dix ans donc), que Gérémy Crédeville est le moins convaincant. Mais comme cela ne représente qu'une portion congrue de son spectacle... 

G., parfait et modeste 

Au Boui-Boui, jusqu'au samedi 28 septembre


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