Heureux qui comme nÖjd…


… a fait un beau voyage théâtral dans l'agglomération lyonnaise. Cette association de comédiens qui a emprunté son nom à un personnage mineur de Père de Strinberg (lequel signifie "content, satisfait", en bon suédois), va créer l'événement en janvier prochain dans la petite salle des Célestins avec Innocence, pièce inédite du grand Howard Barker qu'il mettra lui-même en scène ! Mais avant d'en arriver là, les trentenaires Pierre-Jean Etienne, Mélanie Bestel, Guillaume Baillard et Aurélie Pitrat, réunis par leur compagnonnage au Nouveau Théâtre du 8e entre 2000 et 2003, ont fait leurs armes au Théâtre de l'Elysée avec deux pièces, La Musica Deuxième (incisive lecture de ce texte âpre de Duras) et Les Chevaliers, toutes deux répétées à Ramdam à Sainte-Foy-lès-Lyon. Leurs spectacles ont ensuite été repris, notamment,  au Théâtre de Vénissieux grâce au soutien de l'ancienne directrice Gisèle Godard, au Théâtre Jean Vilar de Bourgoin-Jallieu ou à celui de Villefranche, avant une résidence d'écriture au Centre Théo Argence de Saint-Priest.

Beau parcours, bien qu'Aurélie Pitrat confie que les nÖjd fonctionnent sans plan de carrière («nous ne prévoyons pas une création par an»), ne montant que des textes pour lesquels ils ressentent une nécessité d'adaptation à la scène. «Le but n'est pas de faire vivre une compagnie mais de donner vie à des projets» dit-elle encore. Avec les soutiens conjoints de plusieurs théâtres, ils montent en 2011 Yvonne princesse de Bourgogne, programmé en cours de saison dans l'une des salles de répétition du TNP. En cette rentrée, c'est donc dans la plaquette des Célestins que figurent les nÖjd et Barker. Mais ce coup d'éclat ne vient pas de nulle part. Aurélie Pitrat lit et étudie Barker depuis quinze ans et a multiplié les stages sur son œuvre avant de le rencontrer dans sa Wrestling School en Angleterre. Depuis plus de deux ans, Innocence requiert un travail à plein temps. Résultat final en janvier.

Nadja Pobel


<< article précédent
Le Radiant, nouveau radar