Fils de punk

Une fois débranchés, les punks se révèlent souvent d'excellents songwriters. Après Chuck Ragan (Hot Water Music), Dustin Kensrue (Thrice) ou Frank Turner (Million Dead), c'est au tour de l'américano-ardèchois Forest Pooky (Sons of Buddha) de le prouver. Benjamin Mialot & Stéphane Duchêne


Lyon n'est pas seulement une capitale de la musique électronique (fut-elle matinée de dub ou non), elle est aussi, et on a trop tendance à l'oublier, un épicentre du punk rock. En tout cas par procuration : car cette confidentielle réputation, la ville la doit à trois frangins – dont deux jumeaux - américains expatriés en Ardèche qui, sous le nom "pigiste-friendly"de Uncommonmenfrommars et avec le concours d'un quatrième larron taillé comme une action figure, ont donné à la région Rhône-Alpes des airs de Californie, cet État où chaque riff semble composé en vue d'illustrer une gamelle sur un half-pipe et où l'on discute biture et autodétermination en harmonies vocales.

Jusqu'à donner naissance, à force de multiplier les projets secondaires et les concerts picture-perfect, à une véritable scène, plus ou moins fédérée autour du label Dirty Witch. Label qui sera à l'honneur au Clacson ce vendredi, à l'occasion de la sortie du nouveau disque de son porte-étendard, Sons of Buddha, dont les membres pointent chez les fameux Unco, chez les vétérans drômois de ISP - qui joueront le même soir - et chez The Pookies, sorte de cousin lyonnais des mariachis hardcore de The Bronx, suicidé après d'excellents débuts. Ou plutôt chez Forest Pooky, du nom du seul survivant de la formation, qui se produira en solo dimanche 15 au Fort de Feyzin et mérite que l'on s'attarde sur son cas.

Cours Forest

De Sons of Buddha, des Pookies ou d'Opium du Peuple (fameux groupe de reprises de variété en mode punk), Forest Pooky, qui appartient soit dit en passant à la fratrie susmentionnée (même leurs parents doivent s'y perdre), est en effet un peu la version courte. Amputée de l'électricité rageuse que le chanteur et guitariste a trimballé tout au long de sa carrière. On aura donc du mal à qualifier cet homme armé de sa seule guitare forestière et de sa barbe fleurie de folkeux typique pour apéro hipster.

A l'attaque de chansons qu'il dit écrire indifféremment sans savoir quel projet les portera, Forest Pooky conserve la même adhérence que s'il jouait de la musique amplifiée. On le comparera ainsi volontiers à un autre partisan de l'alternance acoustique/électrique, auquel ses morceaux font régulièrement penser : Lou Barlow (Sebadoh, Dinosaur Jr., Sentridoh, Folk Implosion…). La rage au ventre et l'estomac dans les talons, Forest compose, dans ce qui semble être une urgence absolue, des chansons rugueuses mais pleines d'émotions, qui tout en donnant l'impression de n'être pas tout à fait achevées (pour passer plus rapidement à la suivante), se révèlent, derrière les guenilles et la dégaine de clochard céleste, beaucoup plus riches qu'elles n'en ont l'air.

Sons of Buddha + ISP + Cannibal Mosquitos
Au Clacson, vendredi 13 septembre

Hawa + Forest Pooky
Au Fort de Feyzin, dimanche 15 septembre


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