Sens interdits : obligatoire !


Quand ils étaient venus lors de la précédente édition du festival Sens interdits, en 2011, de tous jeunes acteurs cambodgiens nous racontaient l'histoire de Norodom Sihanouk, leur prince, déchu et trahit par le dictateur Pol Pot. Ils reviendront cette année nous narrer la deuxième partie de cette pièce fleuve d'Hélène Cixous mais depuis le vieux Sihanouk est mort. Ainsi va la vie Sens interdits (du 23 au 30 octobre dans les salles de Lyon et l'agglomération) dont la programmation théâtrale est bousculée autant qu'elle est inspirée par l'actualité d'ici mais surtout d'ailleurs. Patrick Penot, co-directeur des Célestins, n'a pas eu besoin de changer le sous-titre de l'événement qu'il a lancé en 2009 : interroger les «mémoires, identités» et surtout «résistances».

Si le propos politique sous-tend chaque spectacle, aucune des troupes n'oublie de faire du théâtre avant tout. Ce sera le cas avec des artistes du monde arabe (Bussy monologies, ArabQueen, Regards de femmes) mais aussi de l'Europe vieillissante et quoique colérique (les slovènes de Maudit soit le traître à sa patrie !, les hongrois de Mot pour mot ou le triptyque des polonaises dirigées par Marta Górnicka). Pendiente de voto est un ovni espagnol ludique et plus pernicieux qu'il n'y parait où chaque spectateur, télécommande en main, prend le pouvoir, choisi le bien collectif ou son bonheur individuel. Étourdissant. Enfin, le festival permettra de retrouver la sibérienne Tatiana Frolova qui avait marqué la précédente édition en 2011 : avec Je suis, à la lisière du documentaire et du théâtre d'images, elle remue l'histoire sombre des goulags.

Nadja Pobel


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