Les moments forts de la saison danse 2013/2014

Un Toboggan dont on ne connaît pas encore la programmation, un Ballet de l'Opéra qui reprend un génial mais énième opus de William Forsythe, une Maison de la Danse qui ouvre sa saison avec Benjamin Millepied... Le début de l'année chorégraphique n'est pas des plus fous. Les choses devraient toutefois s'arranger par la suite. La preuve en dix rendez-vous. Jean-Emmanuel Denave et Benjamin Mialot


Limb's Theorem

Créé en 1990, transmis au Ballet de l'Opéra en 2005, «le théorème des limbes» (limb pouvant aussi désigner le bord ou le membre, polysémie dont joue le chorégraphe) est l'une des pièces phares du grand William Forsythe. Inspiré par l'architecte Daniel Libeskind et les écrits du philosophe Wittgenstein, il y plonge ses interprètes dans des jeux de pénombre et de clair-obscur parmi un dispositif spatial et "machinique" complexe et parfois infernal. Le tout baigné de la bande sonore de son complice Thom Willems, oscillant entre musique et drones assourdissants. Une pièce aussi folle que réglée au cordeau, qui se tisse d'oppositions entre l'humain et la technique, la forme et le chaos, la danse et l'enfer mécanique.
A l'Opéra, du 13 au 19 septembre

 

Moving Target

A la tête du Ballet national de Marseille depuis 2004, le chorégraphe belge Frédéric Flamand (né en 1946) y poursuit ses explorations des rapports entre la danse et... l'architecture ! S'inscrivant dans le sillage d'une certaine modernité marquée par les avant-gardes plasticiennes, féru de nouvelles technologies, il signe des mises en scène ultra sophistiquées et des pièces à la gestuelle techniquement impressionnante. Moving Target, pièce pour quinze danseurs créée en 2010, a été élaborée avec les architectes new-yorkais Diller+Scofidio et est l'une des œuvres emblématiques de Flamand. Sa trame dramatique s'inspire des écrits de Nijinski et de ses dédoublements de personnalité schizoïdes.
A la Maison de la Danse, du 9 au 11 octobre

 

ZOO

Découvert à Lyon il y a quelques années lors du festival franco-suisse La Belle Voisine, Thomas Hauert présentera en avant-première sa nouvelle création au Centre Chorégraphique National de Rillieux-la-Pape. Une joie pour les amateurs de danse contemporaine  ! Comme à l'accoutumée, le le chorégraphe suisse plongera ses interprètes autant que les spectateurs dans un flux ininterrompu de sensations physiques, entrelacs de sons, de bruits concrets, de voix et mouvements élaborés par huit danseurs et une musicienne sur le plateau. Le groupe comme l'individu prenant toujours forme, chez Hauert, au bord du vide, du chaos, de la dispersion.
Au Centre Chorégraphique National, Rillieux-la-Pape, jeudi 31 octobre

 

Swan Lake

On aurait pu croire à une simple blague potache sur le papier : une chorégraphe reprenant l'ultra classique Lac des Cygnes avec des danseurs noirs en tutus blancs immaculés. Mais la jeune Sud-africaine Dada Masilo signe en réalité une pièce jubilatoire, oscillant entre classique et transe, et déjouant avec humour les préjugés homophobes ou machistes. D'autant qu'elle pioche, en plus de Tchaïkovski, dans un répertoire musical des plus variés, de Steve Reich à Camille Saint-Saëns en passant par Arvo Pärt !
A la Maison de la Danse, du 13 au 17 novembre

 

Atvakhabar Rhapsodies

Le musicien expérimental et metteur en scène Karl Biscuit et la chorégraphe brésilienne Marcia Barcellos, élève de Alvin Nikolais, ont fondé en 1989 la curieuse compagnie Système Castafiore. Leurs pièces fantasques s'inspirent beaucoup du cinéma, de la bande dessinée et de l'univers du jeu vidéo. En novembre, les deux complices créeront avec le Ballet de l'Opéra Atvakhabar Rhapsodies, un «voyage dans un pays imaginaire qui part de la reconstruction sur la scène d'un documentaire disparu (...) Il n'y a pas de récit linéaire. (...) On traverse plusieurs paysages, plusieurs villes mues par des coutumes étrangères à notre monde, des symboles et des représentations autres». Intrigant.
A l'Opéra, du 15 au 23 novembre

 

Bounce !

Existe-t-il un spectacle de la maturité, comme il existe un «album de la maturité» ? Même si le concept se révèle foireux à l'usage, on est enclin à le croire depuis la découverte la saison passée de Solonely (repris à la Maison de la Danse du 23 au 25 avril), qui voyait le duo Arcosm pousser à son paroxysme ses obsessions formelles et thématiques tout en interrogeant le lien unissant ses fondateurs depuis plus de douze ans. Autant dire que c'est avec autant d'impatience que d'appréhension qu'on attend sa nouvelle création, Bounce!, une pièce sur l'échec pour quatre danseurs et musiciens.
Au Théâtre de Vénissieux, les 12 et 13 décembre
Au Théâtre de Villefranche, du 23 au 26 mai

 

Play

Issu des Ballets C. de la B. d'Alain Platel, le chorégraphe et danseur belge Sidi Larbi Cherkaoui, après avoir présenté de nombreuses pièces entre danse et théâtre, multiplie les duos avec des interprètes d'autres univers : flamenco, tango... Et maintenant la danse indienne pour Play, avec la danseuse Shantala Shivalingappa, experte du kuchipudi, danse traditionnelle du sud-est de l'Inde. L'extraordinaire fluidité gestuelle de Cherkaoui s'y entremêlera aux mouvements ultra codés de sa complice, dans le cadre de l'événement Tradition et modernité à la Maison de la danse. Lequel réunira aussi des pièces signées Denis Plassard, Abou Lagraa ou José Montalvo.
A la Maison de la Danse, du 12 au 14 février

 

Tragédie

Sujet de dissertation possible à l'entrée d'une école de danse ou de théâtre  : la nudité est-elle un autre costume ou bien un simple tic de metteur en scène en manque d'inspiration  ? Avec Olivier Dubois et sa pièce Tragédie (2012), il semble que la réponse soit ni l'un ni l'autre. Grand admirateur de Jan Fabre, le chorégraphe (né en 1972 à Colmar) y propulse neuf femmes et neuf hommes, entièrement nus, reprenant pour ainsi dire les "fondamentaux" des êtres humains, inscrits dans la chair, la marche, le martèlement du sol, le rythme simple des allers et retours incessants, harassants, épuisants... Un retour à l'origine, un retour à la tragédie de la chair.
A la Maison de la Danse, les 26 et 27 février

 

Sens dessus dessous

Fidèle à son credo, Dominique Hervieu, directrice de la Maison de la Danse, renouvelle ses «temps forts» : un focus sur Carolyn Carlson, un ensemble thématique sur la tradition et la modernité et... un petit festival dédié à la jeune création joliment nommé Sens dessus dessous. Pour cette deuxième édition, deux personnalités artistiques mèneront la danse  : le grand Alain Platel, qui présentera sa dernière création, et le compositeur de musique électronique Ulf Langheinrich (co-fondateur de Granular-Synthesis), auteur de spectacles immergeant littéralement le spectateur dans ses univers visuels et sonores. Deux locomotives pour amener les spectateurs à découvrir les pièces des moins connus Catherine Gaudet, Simon Tanguy, Nicolas Hubert & Michel Mandel, Raphaëlle Delaunay et Patricia Apergi.
A la Maison de la Danse, du 25 au 29 mars

 

The Goldblandbergs

Né en Israël en 1969, ancien musicien, Emmanuel Gat s'est fait connaître en France en 2004 avec un Sacre du printemps fougueux et vitaminé. Après Stravinski, le chorégraphe s'est attelé tour à tour et tout aussi bien aux musiques de Mozart, Coltrane, Monk, Bach, Schubert, cherchant à travers chacune de ses pièces une idée de pureté du mouvement, faite de lignes souples et de gestes délicats, précis et poignants. Emmanuel Gat sera très présent cette saison à la Maison de la Danse avec une création pour la compagnie de Benjamin Millepied (du 17 au 21 septembre) et la présentation de sa dernière pièce, The Goldlandbergs, créée à partir d'une émission radiophonique de Glenn Gould et des Variations Goldberg de Bach.
A la Maison de la Danse, les 16 et 17 avril


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