Mutations et renaissances

Entre nécessité de conservation et besoin de dynamisme, le patrimoine industriel lyonnais réussit à évoluer avec son temps. Visite fr l'ancienne Manufacture des Tabacs et au Pôle Pixel de Villeurbanne à l'occasion des Journées européennes du patrimoine ce week-end. Térence Caron


«Le patrimoine en mutation», voilà ce que le Grand Lyon a souhaité mettre en avant cette année pour les Journées du patrimoine. L'occasion de se rappeler que les vieilles pierres ne sont pas synonymes d'objet intouchable et immobile. Preuve en est l'ancienne Manufacture des Tabacs du 8ème arrondissement, désormais Université Lyon 3, une usine à cigarettes des années 30 abandonnée en 1987 puis restaurée et réaménagée par l'architecte Albert Constantin à partir de 1991 en un lieu d'études ouvert sur la ville. Ses deux objectifs étaient de garder l'esthétique du passé et d'offrir un espace de vie moderne et chaleureux.

Le résultat est, contre toute attente, cohérent et respectueux de l'âme du lieu (les linteaux en fonte bleue, la toiture à la Mansart), comme si Constantin avait souhaité saluer le travail d'origine, mené de l'ingénieur chef Clugnet. Dans le cloître Welon, du nom de l'œuvre du sculpteur Joseph Ciesla qui y trône, on peut notamment admirer la façade de la bibliothèque, faite de volets roulants photovoltaïques qui se déclenchent en fonction de la luminosité extérieure, et l'instant d'après voyager dans le passé en scrutant les façades aux lignes grises, oranges et bleues et aux tonalités industrielles.

Du blé pour le cinéma

La reconversion de friche industrielle peut aussi produire des projets plus ambitieux que ceux d'origine. La Minoterie des Grands Moulins de Strasbourg, construite au XIXème siècle à Villeurbanne, est ainsi restée plus de vingt ans abandonnée avant que la région Rhône-Alpes n'y construise le Pôle Pixel, dédié aux activités de l'image, du son et de la création en 2009. Si le site de 16 000 m² a été vidé de tout le matériel d'époque, il a conservé ses gigantesques hangars et ses allées très larges. Studios de tournage, location de machinerie, post-production, restauration vidéo, communication web : plus de soixante-dix entreprises y sont installées.

Une richesse qui permet aux réalisateurs - ont été tournés, entre autres, Les Lyonnais d'Olivier Marchal et L'Âge de raison de Yann Samuell - de gérer leurs projets sans quitter les locaux. Les Journées du patrimoine permettront de visiter les 900m² du Studio 24 avec la présentation d'un film retraçant la vie du lieu, tandis que le décor du film Pour une femme de Diane Kurys (tourné en 2012 à Lyon) sera reconstitué en extérieur. Enfin, les visiteurs pourront tester les applications et jeux vidéos produits par les sociétés du Pôle Pixel, comme Appsolute ou DigDog.

La Manufacture des Tabacs-Université Lyon 3
6 cours Albert Thomas, Lyon 8e
Visites samedi 14 sept de 8h30 à 17h30

Le Pôle Pixel
24 rue Émile Decorps, Villeurbanne
Visites samedi 14 sept et dimanche 15 sept à 10h, 12h, 14h et 16h (sur inscription : www.polepixel.fr)


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