Oh les jolis nippons

Ils sont quatre, viennent du Japon, sont sapés comme des héros de série Super Sentaï (Bioman et consorts) et produisent une musique d'une dinguerie absolue. Ils, ce sont les Polysics, et Arnaud Rebotini les importe cette semaine au Transbo. Benjamin Mialot


On s'en doutait sur la foi de quelques images d'Épinal, on en a la certitude depuis que les contenus les plus bizarres de Youtube en émanent : le Japon est le pays de tous les extrêmes. D'un côté les modestes sanctuaires shintoïstes, de l'autre les buildings babéliens. D'un côté les petits chats et les aplats rose du kawaii, de l'autre les gros tentacules et les dégradés blanchâtres du hentai. D'un côté un taux de criminalité parmi les plus bas du monde, de l'autre un nombre de mafieux si élevé qu'il est inscrit au Livre Guinness des records. Et caetera, et caetera. La musique composée sur l'Archipel est évidemment à l'avenant, écartelée entre les refrains niaiseux de la Jpop et les expérimentations nauséeuses de la Japanoise (Merzbow, Boredoms, Boris…). Surtout dans le cas des Polysics, champions incontestés du grand écart sonique.

L'empire des non-sens

Vous n'avez jamais entendu parler d'eux ? C'est normal : sur la quinzaine d'albums que ce groupe tokyoïte a enregistré depuis 1997, un seul a eu l'honneur d'être distribué en Europe (We Ate the Machine, en 2008). C'est peu, mais assez pour comprendre le culte qui entoure ces cousins bridés de Devo – sur scène, ils se produisent vêtus de seyantes combinaisons oranges et attifés de lunettes de soleil futuristes. Car Polysics ose tout : les chorégraphies robotiques sur des airs de flûte à bec, les bruitages de laser sur des rafales de double pédales, les pianos désaccordés sur des rythmiques post-punk, les voix filtrées sur des riffs typés heavy metal, l'alternance de textes en japonais, en anglais prononcé comme du japonais et en charabia pur et simple...

Et ça tient la route. En faisant grincer la boîte de vitesses et en laissant des traces de gomme partout, mais ça tient la route. Car il y a chez Polysics, comme chez The Mad Capsule Markets, autre formation japonaise ayant fait son petit effet à coups d'hybridations saugrenues et de dépenses énergétiques inconsidérées (avant de disparaître dans l'indifférence générale), un indéniable sens de l'accroche mélodique et un effort de cohérence, notamment visuelle, qui force le respect. Notamment celui du Transbordeur, qui les a choisis pour inaugurer ce vendredi 27 septembre ses soirées Don't Mess with Us, lesquelles verront Arnaud Rebotini se frotter à la fine fleur des bâtisseurs de pont entre rock et musique électronique.

Don't mess with us : Arnaud Rebotini présente Polysics + Spitzer
Au Transbordeur, vendredi 27 septembre


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