Ni spectaculaire, ni consommable


Le critique de cinéma Serge Daney cherchait des images qui ne seraient pas à vendre («pas un plan qui pourrait vendre quelque chose»). L'artiste belge Edith Dekyndt (née en 1960) réalise, elle, des œuvres «ni spectaculaires, ni consommables». Pour cela, elle utilise des "matériaux" presque impaplpables, parfois invisibles : l'eau, l'air, le son, les ondes magnétiques, des bulles de savon, le froid... Et s'intéresse de près aux phénomènes physiques décrits par les sciences, à la vie quotidienne, à la logique ou aux illogismes du sens, ou encore à la patine du temps.

Pour son exposition à Lyon, l'artiste a produit deux œuvres en lien avec l'histoire de la ville. En un clin d'oeil au berceau du cinéma, elle a accroché à une cimaise une grande toile en feuilles d'argent (une sorte d'écran), dévolue à noircir peu à peu avec la lumière. Dans une petite salle, elle expose par ailleurs un grand aquarium contenant 120 litres d'eau de la Saône (rivière qui fait face au centre d'art), mélangés à un produit chimique créé par une entreprise locale. Lequel, au fil du temps de l'exposition, figera complètement le contenu aqueux. C'est un travail assez subtil et reposant (reposant pour qui notamment a vu défiler moult œuvres complexes à la Biennale d'art contemporain), jouant sur une poétique du presque rien, de l'inquiétante étrangeté et de la mélancolie du temps qui passe.

Jean-Emmanuel Denave

Edith Dekyndt, Slow stories
A la BF15, jusqu'au samedi 16 novembre


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