Un monde sans fin

Adieu world, jazz, cochon, reggae. On ne savait pas où vous mettre, ça nous a collé un sacré blues. Voilà néanmoins, pour cette saison, si ce n'est le meilleur des mondes, le meilleur de sa musique. Stéphane Duchêne


Oui, on l'avoue la rubrique world/jazz/blues/soul tourne vite au fourre-tout, au carrefour des incasables découlant en droite ligne de cette manie de journaliste/chef de rayon consistant à coller une étiquette sur tout ce qui bouge. N'allez pas croire qu'on relègue ici en bout de table, comme on le fait parfois dans les banquets, les amis de la famille à problèmes, les vieux oncles portés sur la bouteille, ou la mémé dont on a honte. C'est juste un problème de frontières – musicales hein, du calme – sans cesse repoussées, brouillées, de genres qui supportent de moins en moins les théories qui s'y rapportent, rien de plus.

 

Surtout quand il s'agit d'inclassables comme le guitariste jazz-rock-psyché John McLaughlin pour "Remember Shakti", du nom de ce projet initié dans les 70's avec le virtuose du tabla Zakir Hussain. C'est à l'Auditorium le 9 novembre, à l'initiative plus que louable de Jazz à Vienne collection automne-hiver et carrément obligatoire. Tout comme la sortie dans un Transbo viré club de jazz à l'occasion de la venue le 10 octobre de Trombone Shorty, relève de la discipline dans le registre dixieland de la Nouvelle Orléans.

 

Familyman

Inratable aussi la rencontre, Salle 3000, "Entre elle et lui", Natalie Dessay et Michel Legrand. La soprano chantant les grands airs du compositeur culte. Au rayon graaaandes interprètes, et au même endroit, on comptera – ou plutôt on ne comptera plus ses venues – Stacey Kent (26 octobre). A celui des grands interprètes, un habitué des salles lyonnaises (ici, l'EM, le 16 novembre), le soulman lover Charles Bradley (et ses "Extraordinaires", excusez du peu) et le touche-à-tout Raul Midon, sorte de version à six-cordes de Stevie Wonder (et pas seulement parce qu'il est non-voyant), qui donne à lui seul tout son sens à cette rubrique (3 octobre, Transbo).

 

Se pose maintenant le problème séminal de ce journal depuis sa création (lire l'édito de notre édition grenobloise de la semaine passée) : le reggae. Mais puisqu'on y est, sachez que vous pourrez agiter vos dreadlocks ou votre calvitie naissante avec la légende Max Romeo (29 octobre au CCO) ou au Transbo avec Alpha Blondy (18 octobre) et, le 7 octobre, ce qu'il reste des Wailers, c'est-à-dire Aston "Familyman" Barrett et quelques jeunots – un peu comme si Bill Wyman tournait sous l'étiquette Rolling Stones. Sauf que pour le reggaeologue Roger Steffens, «tant qu'il y a Familyman à la basse, le groupe peut s'appeler les Wailers». A vrai dire il pourrait tout aussi bien s'appeler Arthur, on n'en ferait pas un drame.


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J'aime (pas) la chanson française