L'an passé, la rentrée BD nous était apparue tristement routinière. Cette saison, c'est tout le contraire : de dédicaces majeures en initiatives éditoriales de niches, il y a d'ores et déjà de quoi légitimer pas mal de RTT. Benjamin Mialot
Après un démarrage sur les chapeaux de roue avec Eric Powell et Julie Maroh, la rentrée BD se tasse un peu. Pour une raison toute bête : les libraires élaborent leur calendrier quasiment au jour le jour. Difficile, en conséquence, d'avoir une visibilité au-delà du mois d'octobre, sauf chez La BD, où se profilent deux événements : une masterclass au cours de laquelle Denis Bajram présentera la suite d'Universal War One, le magistral space opera qui l'a fait connaître au tournant du siècle (le 29 novembre) ; une rencontre avec Philippe Geluck (le 11 décembre), dont on ne peut que saluer la longévité artistique (les premiers gags du Chat datent de 1983), quand bien même il nous est toujours apparu comme un équivalent pour le neuvième art de l'artiste/mogul du produit dérivé Ben. A la même adresse, soulignons les venues de Bruno Bessadi (16 novembre) pour Bad Ass, un comic book à la française surprenant d'efficacité et de mordant, et d'Alessandro Barbucci (7 décembre), qui redonne un peu de pep's et de charme à l'heroic fantasy avec Ekhö.
A part ça, aucune visibilité au-delà d'octobre disions-nous, mais au moins deux autres séances de dédicacenotables d'ici la fin du mois des vengeances tardives : celle de Fred Bernard, auteur de touchantes Chroniques de la vigne à partir des souvenirs de ses aïeux vignerons (le 11 chez Expérience), et celle d'une partie des têtes pensantes du passionnant trimestriel d'information La Revue dessinée (chez Expérience le 17), autrement dit les frères Jouvray, Maëlle Schaller et Marion Montaigne (qui sera également à La BD le lendemain).
Et puis la rentrée BD, c'est aussi des projets éditoriaux. D'un côté la préparation de la deuxième saison de Webtrip (et la publication prochaine, sous forme de recueil, de la première), la BD collaborative en ligne initiée par le festival Lyon BD, qui se tiendra en 2014 du 13 au 15 juin et se fera remarquer d'ici là par l'accueil au Musée gallo-romain de Saint-Romain en Gal du Québecois Jimmy Beaulieu (du 24 au 29 novembre). De l'autre la naissance d'un nouvel éditeur lyonnais, Insula, fondé par Claire Latxague, une traductrice ayant fait ses armes chez Tanibis et qui entend faire connaître la production sud-américaine. Sa première parution, Le Dégoût, une romance confondante de crudité entre un éclopé aux incontrôlables pulsions scopiques et une belle aveugle au caractère bien trempé, est une trouvaille (qui rappelle à certains égards le film Mary et Max) dont nous ne manquerons pas de vous reparler quand ses auteurs, Diego Agrimbau et Dante Ginevra, feront le déplacement.