Bien léché


4, 3, 2, 1, top ! Maggie entre en scène et se lance dans un monologue assourdissant. Elle dit tout : sa douleur de ne plus être aimée par son mari adoré, son inquiétude que les beaux jours soient autant de lointains souvenirs, et en même temps son immense optimisme, presque maniaque, que tout revienne à la normale. Sans faux-semblant, la divine Laure Marsac se jette sur ce texte éblouissant de Tennessee Williams comme son personnage s'accroche vaille que vaille à son homme, Brick (Philippe Awat, plus proche de Bruce Willis dans Piège de cristal que de Paul Newman dans le film de Richard Brooks).

Pour ce huis-clos étouffant, créé et joué 44 fois en plein air à Grignan cet été, Claudia Stavisky signe une mise en scène appliquée, sans grande surprise et de facture classique, mais portée par des acteurs investis, notamment Alain Pralon, qui sait donner les nuances nécessaires à l'expression de la complexe personnalité du beau-père de Maggie.

Du lit au bar, du bar au lit en passant par un canapé et un mini dressing, les personnages ont beau s'agiter, aller et venir, c'est bien leur asphyxie qui se dessine tout au long de ces deux heures où, lorsque la baie vitrée s'ouvre subrepticement, elle est aussitôt refermée. Hormis quelques faux pas un peu vulgaires qu'on pensait l'apanage du théâtre privé, cette version de Chatte sur un toit brûlant restitue la moiteur et l'électricité qui règnent en ce soir d'été dans la demeure familiale des Pollitt, sur le delta du Mississippi.

Nadja Pobel

Chatte sur un toit brûlant
Aux Célestins, jusqu'au dimanche 20 octobre


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La fin justifie le Moyen