Génération spontanée

«Nous autres, communistes, nous avons une position claire, nous n'avons jamais changé, nous ne changerons jamais : nous sommes pour le changement !», clamait Georges Marchais. Scoop : les organisateurs du festival Spontanéous sont communistes. Benjamin Mialot


A l'instar de toute activité humaine sujette à l'émulation, de la création artistique au sport de haut niveau, la communication est affaire de modes. Il suffit de voir comment, ces dernières années, les marketeux se sont unanimement appropriés les codes graphiques du street art et les automatismes sociaux du web 2.0 pour en convenir. Cette saison, il semblerait que la tendance soit à la flatterie du client. Du client ou, pour ce qui concerne cette rubrique, du spectateur, dont les multiples visages ornent la plaquette du Radiant-Bellevue, la photothèque de la Biennale d'Art Contemporain et le dépliant de la prochaine édition de Spontanéous.


Sauf que dans le cadre de ce «
festival de l'impro à Lyon» créé en 2005 par Et Compagnie, la manœuvre n'est pas complètement publicitaire : elle vise aussi à illustrer la plus grande place qui sera laissée à l'interactivité cette année. C'est toutefois là la moindre nouveauté de cette mouture 2013, qui se déroulera du 19 au 26 octobre, la principale résidant dans l'accueil d'une troupe au complet, en l'occurrence Le P'tit Rire Jaune, originaire de Montréal (le berceau de de la discipline), là où les précédentes voyaient des comédiens se joindre à l'équipe maison à titre individuel. 

 

L'impro vise (toujours plus) haut

Pour le reste, Et Compagnie reste fidèle à son ambition de repousser les limites de l'improvisation, notamment en la confrontant à d'autres formes. Le cinéma par exemple, par l'entremise de Woody Allen, dont l'humour auto-dérisoire et les inquiétudes existentielles seront la matière première de l'une des huit soirées au programme. Mais aussi la musique, en l'occurrence celle de Radiohead, pour ce qui devrait être le plus gros défi du trio d'instrumentistes invité à provoquer des happy accidents sonores tout au long de la semaine, les arts numériques, via le recours au video mapping (la projection de vidéos ou de lumières sur des volumes) ou encore les arts du cirque.

 

Conséquence de ces expérimentations, le festival investira, en dehors d'une séance jeune public à l'Espace Gerson et d'apéros et afters quasi-quotidiens à La Mi-Graine, des lieux inattendus : le chapiteau du Cirque Imagine, l'Épicerie Moderne et surtout Le Sucre. Autant dire que l'époque où l'impro était l'apanage d'étudiants mal sapés tentant de caser entre un borborygme et une gesticulation des noms d'outils de jardinage est plus révolue que jamais.

 

Spontanéous
Du 19 au 26 octobre


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