Home sweet home


Après quelques mois de travaux et autant de temps d'exil pour ses musiciens, l'Orchestre National de Lyon revient chez lui, à l'Auditorium. Pour fêter l'événement, Leonard Slatkin a concocté un moment de musique qui promet d'éclabousser plus d'un spectateur : deux soirées Tchaïkovski d'une grande et belle densité, l'une autour de son célèbre Concerto pour piano n°1, que magnifiera le  jeune et brillantissime pianiste russe Andeï Korobeïnikov, l'autre centrée sur son hypnotique Symphonie n° 5, sinistre et néanmoins d'une élégance absolue.

Ce sont là deux œuvres déjà bien inscrites dans l'inconscient collectif que programme l'ONL, déroulant au passage l'un des fils rouges de sa saison, celui consacré aux compositeurs russes. Le concerto, pourtant méprisé dès l'origine par le pianiste Nikolaï Rubinstein - qui déclarait sans honte que cette musique était simplement mauvaise - est en effet devenu vite populaire. Leonard Slatkin ne pouvait en trouver meilleur interprète que le prodige Korobeïnikov. Vainqueur du concours Tchaïkovski en 2003, il est un musicien hors normes et hors conventions, un virtuose flamboyant qui fait exulter les salles du monde entier tant ses interprétations sont peu convenues, son toucher charnel et humain et ses contrastes saisissants voire bouleversants. D'un pianissimo qui vous entraine en apnée vers le ciel jusqu'à un jeu d'une dynamique à faire trembler les murs, Korobeïnikov ne laisse personne indemne.

Pascale Clavel

Tchaïkovski, un destin russe
A l'Auditorium de Lyon, vendredi 18 et samedi 19 octobre


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