L'état Savages


N'était leur post-punk oeuvrant avec la détermination et la violence d'une voiture bélier dans la vitrine de la boutique de luxe du rock mondial, les quatre filles de Savages pourraient être une publicité vivante pour la diversité. La diversité tout court : basé à Londres, le groupe comprend une française, Jehn, de John & Jehn, une bassiste d'origine turque et deux Anglaises (sans le continent). La diversité musicale aussi, puisque les bagages musicaux de ces quatre-là ne sont au départ guère raccords : pop pour l'une, furieusement hardcore pour une autre et drum'n'bass pour une batteuse qui ne vient même carrément pas de la musique. Sauf qu'au final, elles ne font qu'un.

Et plutôt que d'essayer de savoir comment ces quatre cavalières de l'apocalypse se sont rencontrées, on préfère simplement s'imaginer qu'elles ont dû se rentrer dedans, ont trouvé ça d'enfer et ont voulu remettre ça jusqu'à plus soif. Ou jusqu'à ce que leur gorge soit asséchée par les harangues punk. Leur premier single baptisé Husbands, on pourrait dès lors voir une sorte de pendant punk des énergumènes de Cassavetes : même manière de tout envoyer bouler, de transformer la vie (et ici le rock) en pays sauvage. A cette différence près que, les femmes terminant bien plus souvent que les hommes ce qu'elles commencent, Savages a cette volonté jusqu'au-boutiste de ne pas revenir en arrière une fois la tête baissée, tel le bélier ou la voiture éponyme. «Mourir sur scène» disait l'autre. Ben ouais meuf.

Stéphane Duchêne

 

 

Savages [+ Johnny Hostile]
Au Club Transbo, dans le cadre du festival Just Rock?, dimanche 27 octobre


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Le petit oiseau va sortir