Facteur humain


En 2009, selon un sondage CSA, 75% des Français étaient opposés à la privatisation de La Poste. C'est heureux, mais pas vraiment plausible. Car quand, quatre ans plus tôt et après un unique album devenu culte pour toute une génération de late teenagers (l'imaginatif et soucieux Give Up, originellement publié en 2003 et réédité cette année), The Postal Service a définitivement cessé son activité de distribution d'hymnes électro-pop de poche, tous ces braves défenseurs du service public n'ont pas levé le petit doigt. Leurs cousins d'Amérique non plus.


A l'exception de Will Wiesenfeld, jeune pianiste et beatmaker Californien qui, tel le facteur solitaire du film The Postman mais avec plus de talent que Kevin Costner, perpétue sous le nom de Baths le savoir-faire de Jimmy Tamborello et Ben Gibbard (par ailleurs chauffeur de Death Cab for Cutie) : mélodies fluettes chantées d'une voix d'enfant venant d'échapper sa collection de timbres dans une flaque, arrangements de cordes graciles comme des avions de papier à lettre, rythmes qui donnent envie d'errer de suburbs en suburbs sur un vélo chouré à un paperboy...



A ceci près que, dématérialisation progressive des services oblige, Baths peut s'aventurer sans risque dans les recoins les plus interlopes de sa ville natale, là où Flying Lotus et ses acolytes du label Brainfeeder inventent de cliquetis en froissements la musique numérique de demain – il est quant à lui signé sur Anticon, ce qui vous pose aussi un bidouilleur. Mais aussi dans ceux de Lyon, par exemple le Sonic, où il effectuera une tournée cette semaine.

 

Benjamin Mialot

Baths [+Nman]
Au Sonic, mardi 5 novembre


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