Sibot says...


«T'as pas une gueule de porte-bonheur». Si l'on se retrouvait nez à nez avec Simon Ringrose dans une jungle tropicale, c'est sans doute ce qu'on lui dirait, en tout cas s'il était vêtu de l'espèce de zentaï (ces combinaisons en élasthanne qui font le bonheur des fétichistes de la seconde peau) à globules qui sert de tenue de scène à son alter ego musical, Sibot. Et ce serait mal le juger. Car si, dans la toujours plus vaste galaxie des producteurs masqués, il est l'un des astres les plus intimidants, il est aussi et surtout un véritable gri-gri à taille humaine, un précurseur dont les performances et le succès rejaillissent régulièrement sur le reste de la fourmillante scène électro-hip hop sud-africaine.

Ne serait-ce que parce qu'il a été l'un de ses principaux bâtisseurs, s'associant tout au long de sa carrière (débutée au tournant du siècle) à nombre de porte-drapeaux arc-en-ciel en devenir, du grand dadais Watkin Tudor Jones, alias Ninja, qu'il a aidé, au sein de Max Normal, à poser les bases de Die Antwoord, à Spoek Mathambo, avec lequel il forme le duo Playdoe et semble prendre un malin plaisir à faire rimer hip hop avec nyope (un mélange d'héroïne et de marijuana dont raffole la jeunesse désœuvrée des townships).

Mais si les équipées musicales auxquelles Sibot a pris part (The Real Estate Agents, The Constructus Corporation, Chromoscience...) sont plus innombrables que ses yeux, c'est bien sa propre production, dans laquelle télescopent breaks dubstep, gimmicks gansta, samples orchestraux et glitches "Clarkiens" en un amaglame de pixels sonores aussi ludique que crasseux, qui fait de lui le boss du secteur et un chouchou des marques dans le vent, Adidas et GoPro en tête. La caméra préférée des sportifs de l'extrême est d'ailleurs l'une de ses rares coquetteries scéniques. Pour le reste, Sibot se contente d'un pad, de platines et d'un synthétiseur, qu'il manipule avec une prodigieuse habileté. On n'est pas sacré meilleur DJ de son pays (en 2002) par hasard.

   

 

Benjamin Mialot

Sibot & Toyota [+ Tim Exile + Dope D.O.D. + Aucan...]
Au Transbordeur, samedi 9 novembre


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