Piers Faccini - Between Dogs & Wolves


« All he wants / Is a home away from home » chantait Piers Faccini en 2009 sur un titre tiré de l'album Two Grains of Sand. « Une foyer loin de chez lui » ou quelque chose dans ce genre. C'est sans doute ce qui définit le mieux le parcours de cet Anglo-Italien élevé entre Angleterre, Italie et France et aujourd'hui installé dans les Cévennes.

  

Voilà sans doute d'où, depuis Leave no Trace (2003), Piers Faccini a développé un goût de l'aventure musicale qui le pousse à partir dans toutes les directions, à envisager toutes les destinations – de la musique celtique au blues malien, du folk américain à la chanson italienne. Jusqu'à finir par tenter d'explorer sa géographie intime, programme entamé avec My Wilderness (2011) visage fondu dans une carte du monde – et ici poussé dans ses plus dépouillés retranchements avec Between Dogs & Wolves, enregistré à domicile

 

Soit le genre de disque qui n'arrive que lorsque l'on a exploré assez de territoires, suffisamment redistribué ses racines musicales en toujours plus de branches encore, flirté avec tous les formats, des plus simples aux plus cossus. Et que libéré de toute contrainte (voir interview) on se sent pousser des ailes, fut-ce à l'intérieur.

 

C'est donc avec un Faccini intime que l'on chemine ici entre chiens et loups, dans ce clair-obscur, où l'amour, telle la tapisserie de Pénélope, se fait et se défait comme par magie, sans qu'on puisse davantage en déterminer les contours et les nuances qu'on ne peut voir à l'oeil nu le ciel changer.

 

Nourri de folk anglais des late 60's, subliminalement saupoudré d'arrangements à base d'instruments traditionnels et d'une rare délicatesse, Faccini est si connecté avec lui-même et ses deux musiciens – le contrebassiste Jules Bikoko et la fidèle violoncelliste Dom La Nena – que sa voix en vient parfois à se confondre avec le bourdonnement du violoncelle qui serait aussi celui des va-et-vient de l'âme, capricieuse et impalpable comme les saisons et la nature.

 

À l'image de cette marée, qu'il chante en français (Reste la Marée), son idiome d'adoption. La ballade, toute en arpège et chantée comme une berceuse, rappelle les premières heures folk de Michel Polnareff ou Yves Simon et, tel un « mantra », nous ramène sans cesse à cet album comme on rentrerait machinalement chez soi. Mais dans la maison d'un autre.

Stéphane Duchêne

Between Dogs & Wolves (Beating Drum / Because)


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Piers Faccini, à pas de loup