La grammaire intérieure


Hannah Reid n'a pas les cheveux turquoise, a dépassé l'âge de la majorité sexuelle et n'a jamais déclaré que le poireau était son légume préféré. Hanna Reid, en somme, n'a rien à voir avec Miku Hatsune, popstar virtuelle qui, depuis 2007, se fait une place de plus en plus importante dans les rêves humides de la jeunesse connectée. Rien, si ce n'est qu'elle est, à l'instar de la création de la société japonaise Crypton Future Media mais sur un plan charnel, une phénoménale diva électronique.

Phénoménale par sa voix, sensuelle et affligée, que cette sculpturale Londonienne déploie avec la même intensité que si elle se produisait sur un navire en train de sombrer – là où Céline Dion braillait comme si on lui avait fourré un bout d'iceberg dans la culotte. Phénoménale aussi, par la bienveillance critique et publique que suscite la pop qu'elle produit sous le nom de London Grammar avec les multi-instrumentistes Dot Major et Dan Rothman, qui l'ont au départ contacté via Facebook autant pour tester ses talents d'interprète que dans l'espoir secret de passer la main dans sa crinière dorée.

Le concert que le trio s'apprête à donner au Sucre, une semaine après son correspondant canadien (Austra), est à ce titre complet. Heureusement, son premier album, If You Wait, majestueux recueil de ballades nocturnes (dont une reprise du Nightcall de Kavinsky) dont le charme clinique évoque tour à tour Portishead et Lana Del Rey, est assez inépuisable pour patienter jusqu'à son retour dans une salle de plus grande capacité. 

Benjamin Mialot

London Grammar
Au Sucre, vendredi 15 novembre


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On dirait l'Afrique du Sud