La Bel verte


«Je ne sais pas où je vais mais je sais comment j'aime marcher». C'est sur ces mots de Joe Bel que se terminait le portrait que nous lui avions consacré en mars dernier. Depuis, sans savoir où elle allait mais avec sa démarche à elle, plutôt chaloupée si l'on en croit sa musique, la demoiselle, déjà largement remarquée, a fait du chemin.

Au printemps, la Bel a suivi le cosmique Asaf Avidan le long d'un tour d'Europe achevé sur la scène de l'Olympia. Immersion idéale dans les exigences d'une tournée et de cette confrontation à un public pas acquis d'avance qui constitue le lot de toute première partie – qui plus est dans un format guitare-voix facilement casse-gueule. D'autres dates ont suivi, dont un improbable stade des Alpes à Grenoble, en ouverture toujours de Ms Dynamite – un surnom qui pourrait tout aussi bien aller à cette Iséroise aux racines franco-hispano-américaines installée à Lyon.

Manière de fêter cette année un peu folle, Joe Bel a droit à un Marché Gare en tête d'affiche sur les terres qui l'ont en partie révélée. L'occasion de distiller aussi, en groupe cette fois, les morceaux de son prochain EP, Green, à venir en début d'année. Elle nous le promettait bien «fat». Il le sera, au bon sens du terme, les hanches généreuses et remuantes.

Car l'apport du groupe et d'une production permettent d'alimenter les fantasmes hip-pop d'une jeune femme hautement inflammable et un peu trop vite rangée dans la case folk. Pour le reste – comprendre un album – Joe Bel entend prendre son temps, preuve que la meilleure façon de marcher, c'est encore la sienne. 

Stéphane Duchêne

Joe Bel
Au Marché Gare, jeudi 21 novembre


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