Ligeti reconsidéré


Un quatuor jeune, décalé, ambitieux, drôle et talentueux. Voilà en résumé l'identité du Quatuor Béla, en résidence au Théâtre de la Croix-Rousse pour toute la saison. Julien, Frédéric, Julian et Luc s'y attaquent cette semaine au compositeur hongrois György Ligeti, grande figure du XXe siècle dont la musique, inclassable, anticonformiste, d'une beauté sauvage et puissante, intrigue encore.

Ligeti a vécu au croisement de cultures variées, de langues différentes et sa musique s'est enrichie de toutes ces influences. Elle est iconoclaste, joue sur les contrastes les plus étonnants. Maître de ce qu'il appelait des «conglomérats statiques, sans mélodie, sans rythmes, construits d'après des proportions géométriques», Ligeti n'a eu de cesse de remettre en cause les procédés d'écriture, de les modifier, de les remplacer, de les triturer. «Je change de direction d'œuvre en œuvre, tâtonnant comme un aveugle dans un labyrinthe», confiait-il dans Pensées rhapsodiques et déséquilibrées sur la musique et mes œuvres en particulier.

Créé en 2006, le Quatuor Béla se consacre depuis l'origine à la musique contemporaine, ses membres préférant «aux compositeurs décomposés, les compositeurs qui composent». Le décor humoristique est posé. Ses quatre membres sont tous les quatre de cette trempe : joyeusement tournés vers leur époque, impressionnants dans des répertoires inattendus, ouverts à des formes musicales peu orthodoxes. A suivre de près, ils offrent chaque fois des moments de musique rares, singuliers, déroutants, forçant le respect de toute la profession et hypnotisant un public toujours plus demandeur.

Pascale Clavel

Quatuor Béla : soirée Ligeti
Au Théâtre de la Croix-Rousse, lundi 25 novembre 2013


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