Didon de Noël


Les plus grands chefs se sont collés au Didon et Enée de Purcell. Gardiner, Jacobs, Haïm, les baroqueux les plus fins ont su faire redécouvrir cet opéra splendide et bouleversant imaginé pour la cour du roi d'Angleterre comme un simple divertissement et devenu une œuvre incontournable, une sorte de tube inoxydable. L'intrigue est on ne peut plus efficace : Didon, reine de Carthage, tombe amoureuse d'Enée. A partir de là, personne ne peut résister à son intensité dramatique. Car ce petit opéra (une heure au plus) dit tout sur l'amour, la séparation, la déchéance, la gloire, sur les doutes des hommes, sur la prétendue grandeur des Dieux, sur les ruses des uns et des autres pour accéder au pouvoir, sur la profondeur des sentiments et le destin tragique du genre humain.

Pour la version concert qui sera présentée par le Festival de musique baroque, la magie devrait opérer de plus bel grâce à Jean Tubéry et son ensemble La Fenice. On connaît de ce chef  son amour immodéré pour la musique italienne du XVIIe siècle. On connaît aussi l'interprète qui a remis au goût du jour le fameux cornet à bouquin. Mais ce qui fait sa singularité, c'est qu'il dévoile toujours ce que nous n'avons jamais entendu auparavant. Avec lui, les partitions paraissent toujours nouvelles. Comment fait-il ? En prenant les petits chemins de traverse, où l'inattendu jaillit des bas côtés, nous laissant béats d'admiration.

Pascale Clavel

Didon et Enée
A la Chapelle de la Trinité, samedi 14 et dimanche 15 décembre 2013


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