Remué


«Le monde a perdu sa mémoire» mais «les racines ne sont pas un vain mot», nous dit l'un des protagonistes de Qu'on rouvre les fenêtres (au théâtre de L'Etoile Royale du 18 au 22 décembre) de la compagnie Anda Jaléo, qui depuis dix ans travaille à partir de témoignages. La première partie de ce spectacle, J'ai muré les portes et les fenêtres - dissociable de l'épisode 2 - avait été écrite avec des exilés du franquisme. Ce sont ici leurs enfants qui s'expriment dans une pièce qui gagne en épaisseur à mesure qu'elle laisse autant s'exprimer les corps que les mots, dans un déroulé de plus en plus chorégraphié, là où son entame, un collage de propos parfois abrupt, manquait de fluidité.

Le "Jaleo" du nom de la compagnie (portée tout au long des étapes de création par un collectif composé de Solène Angeloni, Jean Lacroix et Mathilde Ménage) signifie en espagnol "remue-ménage", finit-on par apprendre : une belle définition de ce travail, certes franco-hispanique, mais assez universel dans sa manière de faire entendre des paroles d'immigrés et d'évoquer "l'assimilation".

Nadja Pobel


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