Pas de repos pour les expos

Ludiques, émouvantes ou impressionnantes, ces expositions ont, à l'instar de celle du CHRD, rythmé notre automne. La trêve hivernale est l'occasion (la dernière pour certaines) de les revoir ou de les découvrir. Jean-Emmanuel Denave et Nadja Pobel


Joseph Cornell et les surréalistes à New York
 

C'est l'événement artistique de ce début de saison à Lyon. Le Musée des Beaux-Arts nous invite à découvrir Joseph Cornell (1903-1972), drôle d'artiste américain n'ayant jamais ni peint ni sculpté. Proche des surréalistes émigrés à New York dans les années 30-40, Cornell est un fabuleux "fabricateur" d'images usant de techniques aussi diverses que le collage, des montages personnels d'images filmées ou l'assemblage poétique d'objets dans de petites boîtes ou de mini-théâtres. Un univers très émouvant et inventif qui est présenté au milieu d'œuvres d'artistes surréalistes importants (Max Ernst, Salvador Dali, Yves Tanguy, René Magritte...). A noter aussi, la sortie récente d'un beau catalogue sur l'exposition aux éditions Hazan.

Au Musée des Beaux-Arts, jusqu'au lundi 10 février

 

Tony Cragg et Sigmar Polke
 

Les deux autres grandes expositions régionales en cours sont à découvrir dans des villes voisines. Au Musée d'art moderne de Saint-Étienne, l'Anglais Tony Cragg expose ses sculptures monumentales qui semblent dotées de vie et de mouvement. Un véritable choc esthétique ! Le Musée de Grenoble explore quant à lui les trente dernières années de création de l'Allemand Sigmar Polke. Usant de tous les supports et matériaux possibles, le peintre explore l'image et le médium pictural avec acharnement, humour, provocation. L'accrochage, très réussi, nous embarque tour à tour devant de grandes compositions abstraites explorant couleurs et effets de lumière, une série consacrée à la Révolution française, des toiles quasi-géométriques, des œuvres en prise directe avec l'actualité et l'imagerie contemporaine...

Tony Cragg - Au Musée d'art moderne de Saint-Étienne, jusqu'au dimanche 5 janvier
Sigmar Polke – Au Musée de Grenoble, jusqu'au dimanche 2 février

 

Biennale d'art contemporain
 

On vous renvoie à notre site Internet pour lire notre critique détaillée de cette 12e Biennale, soporifique et pauvre en sensations selon nous. Dédiée au thème du récit, rassemblant environ 80 artistes (dont quelques "stars" comme Jeff Koons, Fabrice Hyber, Matthew Barney...), elle présente essentiellement des installations fragmentaires et complexes dont le fond narratif nous semble peu passionnant. Malgré tout, l'événement est une manière de prendre la température de la création contemporaine et l'on y trouve aussi, ici et là, quelques œuvres dignes d'intérêt. Ces dernières se trouvent surtout au Musée d'art contemporain avec, par exemple, l'installation vidéo de Lili Reynaud-Dewar, aux confins de l'intime et de l'inquiétante étrangeté.

Au Musée d'Art Contemporain, à La Sucrière, à la Fondation Bullukian, à l'église Saint-Just et à la Chaufferie de l'Antiquaille jusqu'au dimanche 5 janvier

 

XYZT
 

Voilà peut-être l'exposition la plus transgénérationnelle et la plus amusante du moment : une série d'installations interactives signée Claire Bardainne, plasticienne, et Adrien Mondot, informaticien et jongleur, inspirée par les mathématiques et la physique et intitulée XYZT (X, Y et Z pour définir l'espace, T pour le temps). Ici, pris entre une toile de tulle et une caméra qui détecte les mouvements, votre silhouette se reconstitue sur le tissu grâce à nuée de points agglomérés, comme si vous étiez la proie d'un essaim d'abeilles. Ailleurs, dans un bocal de verre, le duo a enfermé des lettres de lumière qui se meuvent sous l'impulsion d'un souffle ou d'un son, jusqu'à ressembler à des reptiles. Captivant (et gratuit !).

Au planétarium de Vaulx-en-Velin, jusqu'au dimanche 19 janvier

 

Lyon, centre du monde
 

Lassé des grandes manifestations universelles pilotées par la chambre de commerce et d'industrie (comme Lyon en avait accueilli en 1872 et 1894), Édouard Herriot a voulu "son" exposition internationale urbaine en 1914, pour montrer au monde les avancées accomplies par sa ville en matière d'hygiénisme au tournant d'un XXe siècle en plein accroissement démographique. De cet événement, les musées Gadagne ont tiré une expo temporaire ludique, bien chapitrée et autant pensée pour les enfants que pour les adultes. Un retour aux sources de l'urbanisation de Lyon et une invitation à la rencontre de ses figures tutélaires : Herriot bien sûr, mais aussi l'architecte Tony Garnier et le médecin Jules Courmont.

Aux Musées Gadagne jusqu'au dimanche 27 avril

 

Dans les galeries...
 

Derniers jours pour faire craquer les planchers de la galerie-appartement Domi Nostrae et découvrir l'exposition forte et sombre du Lyonnais Thomas Foucher. Oscillant entre hyperréalisme et abstraction, le peintre nous immerge littéralement dans ses séries de gestes précis, de corps fragmentés ou de crânes hantés. Un corps à corps intense dont on pourra se délasser en allant voir les abstractions en trompe-l'œil du célèbre photographe Georges Rousse, ou bien l'accrochage collectif et éclectique de l'URDLA à Villeurbanne.

Thomas Foucher – A la galerie Domi Nostrae, jusqu'au samedi 4 janvier
Georges Rousse – A la galerie Mathieu, jusqu'au samedi 25 janvier


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Jacques Truphémus au Musée des Beaux-Arts