L'université a le vent en pop

Bientôt dix ans que l'Université populaire de Lyon démontre avec brio que se cultiver et apprendre ne sont pas des préoccupations d'un autre temps. Découvrir la philo, les neurosciences ou la psychologie gratuitement c'est possible. Et ça marche ! Nadja Pobel


Constatant qu'il n'était pas simple de reprendre ses études et d'approfondir ses connaissances dans des domaines hétéroclites, Françoise Bressat, enseignante de lettres dans le secondaire et militante associative (au cinéma le Zola de Villeurbanne, au Planning familial…), a eu l'idée, avec son compagnon Dimitri Sebian, de décliner le concept d'université populaire à Lyon, trois ans après que Michel Onfray ait lancé ce mouvement à Caen en 2002.

L'idée est simple : des cours donnés par des universitaires (pas forcément des retraités qui combleraient un ennui) non rémunérés, donc gratuits. «Notre projet s'est monté en trois mois avec l'aide précieuse de Philippe Corcuff (NdlR sociologue, altermondialiste) et grâce au soutien de Gérard Collomb», raconte Françoise Bressat. Le maire a en effet immédiatement apporté une aide financière à cette aventure qui défendait pourtant une gauche bien plus à gauche que celle qu'il représente. «À une époque, les profs et les auditeurs étaient d'extrême gauche, c'est moins vrai désormais, les sujets ne sont plus systématiquement politisés» observe-t-elle toutefois.

Pas de concurrence avec l'université traditionnelle

Les premiers affluent, réclamant de faire cours devant un public différent. Les seconds, d'âges et de catégories socio-professionnelles très hétérogènes (même des lycéens viennent aux cours de philo !) sont très motivés par ces cours pensés pour laisser de la place au débat (une heure de cours pour une heure de discussion). De dix à douze par an en poésie, sciences politiques, philosophie, histoire et droit, c'en sont aujourd'hui quarante huit qui sont proposés dans des domaines élargis à la sociologie, l'histoire de l'art, la biologie ou la psychologie.

Après avoir longtemps été abritées par le lycée Diderot, ce sont des lieux non dédiés à l'enseignement qui accueillent maintenant les conférences : le TNP et, depuis cette année, les Archives de Lyon. À chaque fois, à 19h, alors qu'aucune inscription préalable n'est requise (sauf pour les ateliers, déjà complets), ce sont environ 110 à 120 personnes qui viennent retrouver un intervenant charismatique qui les a conquises ou une matière qui les passionne.

Le thème de cette saison, "Les liaisons dangereuses", se déclinera dans les mois à venir en sciences politiques (le retour des années 30 et la gauche française), psychologie clinique (la déliaison, le cybernarcissime...), en sociologie (la prostitution) ou en histoire de l'art (l'artiste sulfureux). À vos agendas !

Université Populaire de Lyon
Au TNP et aux Archives de Lyon, jusqu'au mercredi 18 juin
Programme des cours sur http://unipoplyon.fr


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