Topographies imaginaires


«Quand un espace m'est donné, il y a un défi... C'est une conquête envers l'espace et envers moi-même. C'est pour ça que mes sculptures offrent différentes possibilités de construction pour pouvoir en penser d'autres. Le spectateur peut l'imaginer autrement». Née en 1982, vivant à Paris, Jennifer Caubet se donne donc pour gageure de créer des espaces imaginaires dans un lieu d'exposition donné, de redéfinir sa topologie, de redistribuer ses coordonnées. A la BF15, l'artiste y a ajouté la notion de geste performatif et de trace.
 

Pour sa pièce Coordonnées en projection, elle a ainsi tiré à l'arc plusieurs flèches dans les cimaises du centre d'art, et tendu autant de longs fils noirs à partir d'une colonne de bobines. Une composition minimaliste et fragile qui ne manque pas d'une certaine "poésie abstraite". Sa seconde pièce est encore plus discrète : quelques moulages de corbeaux seulement, laissant deviner un possible entresol à mi-hauteur de la salle d'exposition. «Quand je pose une sculpture dans un espace d'exposition, le vide qu'elle crée est tout aussi important que la sculpture» déclare encore Jennifer Caubet dans un entretien récent. Et force est de constater que, dans un esprit post-minimaliste, ces deux installations ténues réussissent à nous émouvoir, à développer un certain potentiel poétique et à distiller tensions et vibrations nouvelles.
 

Jean-Emmanuel Denave
 

Jennifer Caubet, Topographies relatives
A la BF15, jusqu'au samedi 18 janvier


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La maîtrise du traître