Ciel, mon Jimi !


Dans baroque, il y a rock. Dit comme ça, ça n'a l'air de rien. Pas plus que l'intention de l'Ensemble Boréades de mettre au jour, tel Indiana Jones avançant sur le chemin de Dieu (mais avec des cordes en boyau à la place d'un fouet en cuir), les passerelles invisibles qui relient ces musiques le temps d'un hommage à Jimi Hendrix basé sur le fanatique et m'as-tu-lu Hymne de Lydie Salvayre. A l'arrivée, Hendrix-XVIIe-Ciel est pourtant une franche réussite. Par quel tour de force ? Celui qu'accomplissent ses interprètes.

D'un côté la comédienne Claudine Charnay qui, entre deux projections lo-fi d'images d'époque, compense l'ingratitude de son rôle de narratrice par un jeu subtilement nuancé. De l'autre Étienne Galletier et Nolwenn Le Guern, respectivement au théorde (sorte de guitare à double manche du XVIe siècle) et à la viole de gambe qui, non contents d'adapter les distorsions contrôlées de Jimi à leurs instruments avec une virtuosité de tous les instants, insufflent ce qu'il faut de nonchalance et d'animalité à leurs prestations pour que les échos outranciers et douloureux que se renvoient tel tube d'Hendrix et tel air d'Haendel ou de Kapsberger sonnent comme des évidences.

Et la mezzo-soprano Majdouline Zerari dans tout ça ? Nonobstant ses qualités vocales, elle personnifie l'écueil qui guettait ce déroutant et néanmoins scrupuleux (à la mise en scène, Pierre-Alain Four fait montre d'un admirable souci du détail vestimentaire, gestuel et spatial) spectacle : faire rock plutôt que de l'être.

Benjamin Mialot

Hendrix-XVIIe-Ciel
, Au Théâtre des Marronniers, jusqu'au lundi 27 janvier


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