The Ryan Initiative

De et avec Kenneth Branagh (ÉU, 1h45) avec Chris Pine, Keira Knightley…


Drôle d'idée que de "ressusciter" l'espion Jack Ryan, figure littéraire so guerre froide inventée par Tom Clancy, transcendée par MacTiernan dans À la poursuite d'octobre rouge avant de se vautrer dans une série de films très à droite sous les traits d'Harrison Ford. Plus étrange encore : confier les commandes de ce blockbuster à Kenneth Branagh, dont les motivations sont ici encore plus troubles que dans son précédent Thor, qui avait au moins le mérite de chercher une inspiration shakespearienne chez son super-héros.

De la mise à jour contemporaine — Ryan naît en tant qu'espion sur les cendres du World Trade Center et dans les combats en Afghanistan — à la romance vaudevillesque entre lui et une médecin plutôt mal incarnée par Keira Knightley, rien ne prend, et la mise en scène, malgré l'élégant travail chromatique conduit par le chef opérateur Haris Zambarloukos, ne sait jamais quel style adopté. Film d'espionnage à l'ancienne ? Film d'action post-Greengrass ? Le montage, maladroit, achève de mixer hystériquement toutes ces options, et Branagh, à défaut de trouver sa voie derrière la caméra, se venge devant en jouant le méchant Russe avec une théâtralité assumée qui renvoie aux personnages colorés et improbables qu'aimait endosser son maître Laurence Olivier à la fin de sa carrière — dans Ces garçons qui venaient du Brésil ou Le Limier. Son cabotinage ne fait que renforcer la fadeur de Chris Pine en Jack Ryan, héros palot d'un film insipide.

Christophe Chabert


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