Créationnistes


Pionniers d'un psychédélisme noir qu'on ramène immédiatement à sa famille – The Jesus & Mary Chain –, The Telescopes ont su, plus de vingt-cinq ans après leurs débuts, raccrocher le wagon de la pop à murs de guitares dans le sillage de groupes qui les ont idolâtrés et qui, sans eux, ne seraient sûrement pas là : des Black Angels au Brian Jonestown Massacre. On peut y voir une certaine injustice. Car c'est à se demander comment les hommes de Stephen Lawrie ont pu passer à côté d'une gloire qui leur tendait les bras.Hormis quelques titres (The Perfect Needle) et un premier album culte, Taste – par culte, entendre : qui n'a pas rapporté un kopeck –, il n'est pas resté grand chose des brûlures de napalm et des volutes de gaz moutarde de ces as du télescopage frontal, avançant à l'aveugle et armés d'un sens aiguisé de la mélodie faisant office de lampe-torche dans le paysage enfumé du shoegazing et du space rock. En éclaireur donc.

Car ce sont les autres qui se sont nourris sur la bête ou ont profité du mouvement, de Ride à Spacemen 3, pour ne citer qu'eux. Avec le recul, outre qu'il soit toujours là, le groupe est aussi emblématique du bien nommé label Creation (The Pastels, The Jesus & Mary Chain, My Bloody Valentine, The House of Love, Primal Scream...), ce laboratoire du rock à guitares des années 90.Las, arrivé un peu tard – après Taste –, y changeant de cap musical pour un style plus laidback, il y aura sans doute aussi été victime de la concurrence. Il aura au moins eu le mérite de lui avoir survécu.

Stéphane Duchêne

The Telescopes [+ The Healthy Boy & The Badass Motherfuckers]
Au Sonic, vendredi 31 janvier


<< article précédent
Les premiers noms de Jazz à Vienne