Sur la même longueur d'onde


La formule du festival Aire de jeu est aussi simple qu'originale : inviter des chorégraphes à créer des pièces à partir d'œuvres musicales d'un même compositeur. Un retour aux amours classiques entre la musique (jouée live sur scène) et la danse qui est aussi un "retour en avant" puisque chaque invité est une figure de la musique contemporaine. Après David Lang et Julia Wolfe, c'est le jeune et prolifique Nico Muhly qui est à l'honneur et dont on pourra découvrir le travail à travers celui de quatre fortes individualités. Ancien ingénieur en chimie, longtemps metteur en scène de théâtre et d'opéra à Berlin, Laurent Chétouane (né en 1973) se tourne vers la danse en 2007 et s'intéresse tout particulièrement aux problèmes de communauté politique et de vivre-ensemble (il est inspiré par Roland Barthes !), ainsi qu'aux notions connexes de frontière, de territoire, d'espace commun. C'est lui qui signera la pièce la plus longue du festival (15 variations autour de l'ouvert), plongeant nouvellement dans la matière brute et émotionnelle de la danse, et interprétant la musique de Muhly comme «une invitation à la vie, un appel à chanter, un concentré d'ancien et de nouveau créant une constellation particulière qui cherche avant tout peut-être une seule chose : renouer l'Emotion et l'Intellectualité».

Cet aspect "physique", organique et sensoriel de la danse, le chorégraphe (et directeur du CCN de Rillieux-la-Pape) Yuval Pick l'explore quant à lui depuis ses débuts. Loom (signifiant "surgir" et "tisser" en anglais) se pose comme un dialogue entre la musique de Muhly et la danse en duo, chacune développant sur scène sa propre "vie". Les deux autres pièces seront signées par Yasmeen Godder, chorégraphe d'origine israélienne œuvrant à la limite de la performance et n'oubliant jamais d'ajouter une touche d'humour à ses créations, et par le jeune New-yorkais Kyle Abraham (né en 1977), un élève de Bill T. Jones puisant à tous les registres stylistiques et dont on découvrira ici le travail pour la première fois en France.

Jean-Emmanuel Denave


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