P.O.L. et les autres


En 1977, Paul Otchakovsky-Laurens souhaitait déjà publier les journaux de Charles Juliet. Las, personne chez Flammarion, où il travaillait alors, ne voulait de cet auteur inconnu. En 1983, il créé sa maison d'édition et la nomme à partir de l'acronyme composé par ses initiales (Otchakovsky est nom de son père décédé de la tuberculose quand il avait trois mois, Laurens celui de ses parents adoptifs). Et Charles Juliet de devenir un de ses auteurs marquants, tant avec ses romans qu'avec sa poésie, domaine que P.O.L défend avec ardeur.

Son premier succès sera La Douleur de Duras, texte incandescent sur les morts-vivants revenus des camps nazis que l'écrivain avait laissé traîner dans son grenier. Martin Winckler, Marie Darrieusecq, Camille Laurens, Pierric Bailly, les radicaux Olivier Cadiot et Valère Novarina ou l'immense Emmanuel Carrère seront chez lui comme chez eux, l'éditeur entretetenant un lien presque exclusif avec ses auteurs, auxquels ils ne demandent jamais de retoucher leurs textes. Défendant une littérature dans laquelle la forme serait aussi - sinon plus - importante que le récit, Paul Otchakovsky-Laurens a construit une maison d'édition comme on construit une famille, avec patience, bienveillance et exigence.À Bron, samedi 15 février, il sera naturellement accompagné de l'un de ses protégés, Hubert Lucot, pour discuter autour du thème, naturel lui aussi, "J'écris donc je vis".

Nadja Pobel


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Elle portait du velours bleu…