La tête dans les mirages

Après une première édition en forme de prise de température, le Mirage Festival prend de l'ampleur. Plus qu'un instantané, c'est de fait un véritable panorama de la création numérique contemporaine qu'il propose. Benjamin Mialot


En latin, dolus désigne une supercherie. C'est exactement ce à quoi s'est livré le collectif du même nom (redoublé) lors de la dernière Fête des Lumières : plutôt que de proposer un éclairage inédit du bâti à sa disposition, il a érigé sur la place Colbert un immersif tunnel de diodes dont les variations d'intensité figuraient autant de respirations. Autrement dit une installation autonome et qui aurait été à sa place, c'est le cas de le dire, sur n'importe quel autre bout de trottoir de la ville.

Non respect du cahier des charges ? On préfère y voir l'affirmation d'une authentique passion pour les arts numériques : là où la plupart des événements se targuant de les promouvoir ne les utilisent en fin de compte qu'à des fins décoratives, Dolus & Dolus les valorise dans toute leur capacité à redéfinir notre environnement. Notamment dans le cadre du Mirage Festival, créé en 2013 et renouvelé cette année dans une version augmentée.

Un festival pour les unir tous

Ce sont en effet pas moins de douze lieux qu'investira l'événement, et à peu près deux fois plus de fenêtres sur l'avenir qu'ouvriront les développeurs, musiciens et plasticiens (et parfois tout cela à la fois) à son générique.

Parmi eux, on notera plus particulièrement les présences du Macédonien Noitu (pour Raw Geometry, performance aux airs de mise à l'épreuve sensorielle), du Japonais Ryoichi Kurokawa (avec Syn_, diptyque audiovisuel où la moindre figure vibre du même éclat qu'une constellation), de l'excellent label Musique Large (qui explore les possibles du beatmaking depuis 2007) au grand complet, du studio suisse Etter (il présentera sur tablettes Drei, un reposant puzzle game collaboratif) et de son compatriote Mysquare (pour Crystal Ray, poétique évocation des forces invisibles qui gouvernent l'univers par le biais de lasers et cristaux de diffraction).

La création locale ne sera bien sûr pas en reste. On retrouvera ainsi, auréolés de leurs réalisations pour la fête susmentionnée, respectivement sur le Mur des Lyonnais et la Place des Jacobins, les crews Theoriz, le temps de l'un de ces brouillages de frontières entre animation et interactivité dont ils ont le secret, et WECOMEINEPEACE, pour un casse-briques à base de mapping et de détection de mouvements, ainsi que CT4C, émanation du Grollectif évoluant à la croisée du jazz, de l'ambient et de l'abstraction. Reste à savoir où tout ce petit monde trouvera le plutonium nécessaire à son retour vers le futur.

 

Mirage Festival
Du mercredi 19 au dimanche 23 février


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