Le Syndrome d'Elliott


«Only a Myocardial Infarction Can Break My Heart». Si l'on en croit le titre de son dernier album, seule la mort peut triompher de Matt Elliott. Pour le reste, les avanies oules avaries de la vie et du cœur, la musique sera toujours là pour conjurer le sort et laisser les plaies se refermer sans suture. Il n'est pas d'hier que Matt Elliott est un chanteur de la résignation. Ses précédents albums, la trilogie Songs comme The Broken Man l'ont bien montré. Il n'est jamais question chez lui d'accompagner les tourments par quelque afféterie consolante.
 

Et pourtant il apparaît qu'en dépit de son titre, Only a Myocardial... soit légèrement moins, non pas affecté, mais infecté que ses prédécesseurs. Alors certes, pour voir la lumière il vaut mieux regarder par le petit bout de la lorgnette. Surtout avec ce The Right to Cry d'ouverture (17 minutes au compteur) qui donne l'impression en plusieurs mouvements que le bébé va être définitivement emporté avec l'eau des pleurs - sur scène ça promet. Comme sur le reste de l'album, qui est davantage celui d'une groupe que d'un musicien ET d'un groupe, Matt Elliott caresse sa guitare comme on outrage un vieux chat revêche. Elliott est de fait toujours habité, notamment par ces fantômes slaves et andalous qui l'aident à combattre.
 

Il y avait une chanson sur The Mess We Made, en 2003, titrée Cotard's Syndrom. Le syndrome de Cotard persuade l'hypocondriaque délirant qu'il est déjà mort. C'est un peu dans cet état d'esprit que Matt Elliott poursuit son œuvre. Peut-être pas comme s'il était déjà mort, mais en tout cas comme quelqu'un que la vie échouera désormais toujours à blesser mortellement. Et donc comme quelqu'un d'infiniment vivant.
 


Matt Elliott [+ Les Marquises]

Au Marché Gare, mercredi 19 mars au


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