I Am Divine

De Jeffrey Schwartz (ÉU, 1h30) documentaire


Mythique héroïne des films de John Waters, Divine devient ici le héros de sa propre vie, dans un documentaire qui ne cache jamais son admiration pour le plus célèbre travesti de l'histoire du cinéma. Adolescent complexé métamorphosé au contact de la contre-culture de Philadelphie, iconisé par le New York underground et finalement consacré par Hollywood, Harris Glenn Millstead / Divine représente ce moment où la marge — le queer, tout entier synthétisé dans les outrances de cet homme obèse qui se transforme en diva sublime — est soudain acceptée et reconnue par la norme, sans avoir pour autant à se renier.

Le film retrace ce moment historique grâce à de nombreuses et étonnantes archives, fruit d'un travail de fourmi qui force le respect. Qu'importe dès lors si le storytelling de Jeffrey Schwartz est à l'inverse de son sujet : propret, classique et monotone à force de chercher l'efficacité ; il suffit d'une saillie de John Waters — un des types les plus drôles du monde —, d'un extrait de show burlesque de Divine ou d'une photo mythique le montrant aux côtés de Warhol pour que toute une époque ressuscite avec l'ampleur culte de la légende.

Christophe Chabert


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