Bienvenue au renouveau


François Corbier, la plus joviale tête de turc du Club Dorothée, est revenu de tout : de l'ingurgitation forcée de croissants, du rasage de sa célèbre barbe mérovingienne - qui lui donnait, selon TF1, un air de clodo inapproprié à son rôle d'amuseur jeunesse -, d'une fausse rumeur de décès... De tout, sauf de sa rencontre avec Georges Brassens. C'était un soir de 1964, à Bobino. Corbier, Alain Roux pour l'état civil, était alors un chansonnier au verbe aussi fleuri que son menton.

Encouragé par le maître de la polissonnerie rimée, il poursuivra dans cette voie jusqu'au début des années 80, avant que son timbre de conteur malicieux et ses calembours clandestins - «Il n'y a plus de consensus ni de Cuba sans cacao», entre autres vers pluri-lisibles de Sans ma barbe, hymne à la pilosité devenu culte jusque dans les bas-fonds de la musique amplifiée (il a notamment partagé une scène avec les grindcoreux orduriers de Gronibard) - ne lui forgent une image de pitre cathodique dont il peine encore à se défaire aujourd'hui.

Ce n'est pas faute d'essayer : depuis le début des années 2000, Corbier a publié cinq disques. Trois albums et deux live (dont un enregistré à Thou Bout d'Chant, son fief lyonnais) à la mesure de l'esprit de camaraderie qui plane sur ses concerts où, de coups d'œil désabusés dans le rétro (La Galère capitaine) en fables grivoises (Éléphantasme) et de comptines bon enfant (Plante un jardin, charmante ode à l'imagination) en protest songs placides (Chronique SIDA), il se réinvente à merveille en bluesman à la langue pendue et au cœur tendre.

François Corbier

A Thou Bout d'Chant, jeudi 27 et vendredi 28 mars


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