Point haïssable


«Molière, Feydeau… C'est vraiment s'enfermer dans des limites restreintes et, à mon avis, un peu périmées». Laissons au metteur en scène exigeant (et passionnant) qu'est Claude Régy la parenté de cette analyse, mais affirmons tout de même que nous sommes, dans une certaine mesure, d'accord avec lui. Notamment lorsqu'il s'étonne que l'on monte toujours les mêmes auteurs classiques, toujours de la même façon.

Ces «limites restreintes», Philippe Car (ex-Cartoun Sardines, maintenant à la tête de l'Agence de Voyages Imaginaires) les dynamite avec talent depuis de nombreuses années. Molière, Shakespeare et aujourd'hui Corneille : les plus grands sont tombés entre ses mains, pour des spectacles inventifs, généreux et surtout très drôles. C'est le cas du Cid, qu'il transpose dans une sorte de fête foraine, en ne lésinant pas sur les moyens - les décors et accessoires sont parfaits - et avec un souci constant de clarifier l'intrigue et d'en extraire les enjeux principaux, via notamment une réflexion sur l'honneur, au centre de la pièce – en gros, Rodrigue doit tuer le père de sa future femme car il a offensé le sien.

Sur le plateau, ça bondit dans tous les sens, ça s'étripe avec passion et ça chante aussi, le tout avec seulement cinq comédiens. Une relecture joyeuse et très cinématographique, à la manière, par exemple, de ce qu'a pu faire un Tarantino avec le western - une référence assumée par la compagnie. Si l'ensemble souffre par moments de quelques longueurs, il emporte l'adhésion au bout du compte, avec panache. N'en déplaise à Claude Régy ?

Aurélien Martinez

El Cid
Au TNG, du mercredi 26 au samedi 29 mars


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